La Côte d’Ivoire vit depuis le début de cette année 2017, au rythme de nombreux mouvements sociaux qui plongent le pays dans un temps d’incertitude et d’interrogations. Au sein des populations, la très grande joie qui les a animés après le départ du gouvernement de certains ministres, dont on disait que la compétence ou l’efficacité pouvait être discutée, a été de très courte durée. L’incertitude et l’angoisse de revivre des jours funestes se sont très vite installées dans les esprits. En dépit des nombreux efforts qui sont faits par l’exécutif pour satisfaire les uns et les autres, rassurer les populations et réinstaller la paix et la cohésion sociale, les inquiétudes persistent toujours.
Techniques et méthodes des refondateurs
Depuis le début de ces évènements, de nombreuses dépêches de presse et communiqués ministériels et gouvernementaux, tombent les uns après les autres. Après ceux relatifs aux mouvements d’humeurs des militaires, désormais, ce sont les dépêches et communiqués concernant les revendications des fonctionnaires qui tombent à longueur de journée, parfois se contredisant.
Au sein des populations, la tension est de plus en plus vive. Les rumeurs se mêlent aux faits et aux désirs avoués ou inavoués des uns et des autres. A la fin du conseil des ministres de ce mercredi 18 janvier 2017, ce ne sont pas moins de quatre ministres qui ont assuré le traditionnel point de presse, fait habituellement par le porte-parole du gouvernement. L’heure est désormais grave.
La rue commence à s’interroger, les blessures et traumatismes à peine cicatrisés s’ouvrent à nouveau. Les mécanismes de défense de mettre en place au sein des populations. Les militants de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) s’engouffrent dans cette incertitude du moment pour semer davantage le trouble dans cette confusion générale.
Plusieurs établissements scolaires sur l’ensemble du territoire national sont vidés de leurs étudiants par les éléments de la Fesci. C’est le cas par exemple à Abidjan du lycée français Mermoz ou de l’école des Hautes études de commerce d’Abidjan où les cours ont été perturbés par des jeunes gens se réclamants de la FESCI. Des étudiants ont été violentés et chassés des classes avec force.
Ce mouvement s’étend à plusieurs établissements scolaires publics et privés. Certains syndicalistes enseignants espèrent déjà prolonger ce mouvement, jusqu’à en faire « une année universitaire et scolaire blanche », c’est-à-dire créer le chaos. Les techniques et méthodes utilisées par ces jeunes Fescistes et ces enseignants syndicalistes rappellent étrangement celles qui étaient utilisées lors du règne des « refondateurs ».
Hasard ou mouvements prémédités ?
Au fur et à mesure que nous avançons dans le temps, les zones d’ombres provoquées par l’incertitude de ces actions de revendications deviennent de plus en plus illisibles et incompréhensibles pour les populations. On nous dit que les revendications « légitimes » des huit mille soldats ont été satisfaites.
Malgré cela, des tirs de kalachnikovs s’entendent toujours ici et là, à Abidjan comme dans certaines villes de l’intérieur du pays. Et les populations se posent alors la question de savoir, « que veulent réellement ces militaires qui ont été déjà satisfaits ? ». On apprend alors que « ce sont d’autres corps habillés qui manifestent à leur tour pour revendiquer eux aussi les mêmes choses que ces huit milles militaires ». Au même moment, on nous dit que les fonctionnaires intensifient leur mouvement de grève. C’est également le moment que choisira la Fesci pour créer la panique dans les établissements scolaires et universitaires.
Comment alors expliquer toutes ces parfaites coordinations de « ces hasards » ? Comment expliquer aussi que tout cela ce soit mis en place, pratiquement au même moment que l’installation du nouveau gouvernement et l’instauration de la vice-présidence en Côte d’Ivoire ? Pour le nouveau Premier ministre, c’est une prise de fonction assez « harde » qu’il doit gérer avec les moyens de bord.
S’il sort indemne de ce temps d’incertitude politique et social très « miné », il aura alors acquis ses lettres de noblesse et devrait peut-être remercier « le destin », pour cette formation accélérée de la gestion de crise au sommet de l’Etat. Ne dit-on pas souvent, « que la politique, c’est aussi l’art de faire des zones d’incertitudes ou des menaces, qui vous sont imposées, de véritables forces, qui peuvent se retourner contre ses initiateurs ».
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