Le Président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Kigbafori Soro a invité, lundi, à ne pas « indexer » les religions dans la lutte contre le terrorisme, car, « aucune d’entre elles n’appelle à la haine de l’autre et n’incite au meurtre ».
« L'actualité politique nationale et internationale est dominée par les évolutions récentes enregistrées dans l'activité de mouvements à caractère religieux dont les effets imposent que nous redoublions d'attention dans nos choix de vies, dans nos discours, dans nos engagements politiques respectifs ; que nous soyons attentifs aux mouvements de fond qui affectent notre société », a déclaré M. Soro lors de la clôture de la première session ordinaire 2015 de l'Assemblée nationale.
A ce propos, il a rappelé que la 23ème Session de l'Assemblée Régionale Afrique de l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie qui s'est tenue à Yamoussoukro du 28 au 30 mai dernier, avait inscrit à son ordre du jour la question du terrorisme.
« Nous avions, à cette occasion relevé les défis immenses que pose le terrorisme à des Etats fragiles, comme les nôtres, engagés dans la bataille du développement, de la scolarisation à grande échelle de nombreux jeunes, de la construction de centres de santé pour protéger nos populations des anciennes et nouvelles endémies, de la recherche de solutions de long terme en faveur de l'emploi des jeunes, de la nécessité de mettre nos infrastructures aux normes pour accroître notre compétitivité économique », a expliqué M. Soro.
Selon lui, « l'obligation dans laquelle nous sommes placés de soustraire des ressources importantes jusque-là affectées à des projets de développement pour les consacrer à la lutte contre le terrorisme va de pair avec la mise en place d'un arsenal législatif visant à la répression de ce fléau ».
Le président de l'Assemblée nationale s'est félicité que la Côte d'Ivoire a déjà initié d'importantes actions législatives à travers notamment l'ordonnance du 12 novembre 2009 relative à la lutte contre le financement du terrorisme dans les Etats membres de l'Union monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la ratification de 16 conventions internationales pertinentes contre le terrorisme.
« La loi portant répression du terrorisme vient compléter cet arsenal législatif en incriminant divers agissements et édicte de sévères sanctions pour assurer la sécurité de notre pays », a fait remarquer Guillaume Kigbafori Soro.
Pour lui, « parce qu'il est un +Pays ouvert+, parce qu'il sort d'une longue période de crise militaro-politique, parce qu'il a à ses frontières des pays déjà pris dans la nasse des groupes terroristes, la « Côte d'Ivoire est particulièrement exposée ». « La loi seule ne suffit pas pour faire face à ce fléau du 21ème siècle », a-t-il indiqué.
C'est pourquoi, M. Soro a proposé qu'indépendamment de « l'appui que nous apportons au gouvernement dans la mise en place de textes répressifs contre le terrorisme, nous devons nous employer à créer les conditions du tarissement des sources de ce fléau : une lutte intelligente de tous les instants contre la pauvreté et l'ignorance ; une action marquée en faveur de la tolérance religieuse appuyée par un refus catégorique de tous les extrémismes ».
« Mais surtout, n'indexons pas les religions, car aucune d'entre elles n'appelle à la haine de l'autre et n'incite au meurtre », a conclu le président de l'Assemblée nationale ivoirienne.
LS/APA
Le Président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Kigbafori Soro