Le président américain, Barack Obama, a entamé depuis mercredi 26 juin dernier par le Sénégal, sa deuxième tournée en Afrique depuis son accession à la Maison Blanche. Après Dakar, qu'il a quitté hier, il devait atterrir en Afrique du Sud et achever son périple en Tanzanie. Seul pays francophone de cette short list, qui a le privilège de recevoir le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis, le Sénégal fait des jaloux sur le continent, notamment en Afrique subsahélienne. La Côte d'Ivoire tout particulièrement n'apprécierait pas de n'avoir pas été cooptée pour cette mini-tournée africaine d'Obama.
Les autorités ivoiriennes verraient d'un mauvais œil le fait de n'avoir pas été l'heureux élu du gouvernement américain. Ce d'autant que le président Alassane Ouattara est le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest( Cedeao) et que, à ce titre, il avait grandement appuyé la lutte contre les terroristes du Nord Mali engagée par la France avec la bénédiction des Etats-Unis. Pour son engagement dans le combat contre le terrorisme si cher au pays d'Obama, les dirigeants ivoiriens auraient bien aimé que le président américain se rende à Abidjan ; histoire de réaffirmer son soutien à cet engagement du président en exercice de la Cedeao dans ce combat commun contre le terrorisme.
Par ailleurs, les autorités ivoiriennes auraient bien voulu qu'Obama vienne donner un coup de fouet aux efforts qu'elles font en vue de la démocratisation du pays après les violences post-électorales. Ouattara, qui a bénéficié d'un appui décisif de Washington dans la bataille qui l'opposait à Laurent Gbagbo et cela au nom de la défense des valeurs démocratiques, aurait aimé qu'Obama vienne booster le processus de démocratisation de son pays. Autant d'attentes qui expliquent que les autorités ivoiriennes seraient mécontentes que le président américain ne fasse pas un détour par Abidjan. De bonne source, le gouvernement américain aurait zappé la Côte d'Ivoire pour au moins deux raisons.
La première, c'est que la sécurité n'y est pas encore rassurante aux yeux de Washington. Les attaques armées intermittentes enregistrées en deux ans d'exercice du pouvoir par Ouattara y sont certainement pour quelque chose. A ces raisons sécuritaires s'ajoute le fait qu'aux yeux des Américains la démocratie n'est pas encore assez consolidée en Côte d'Ivoire. Abidjan a sûrement été desservie par le dernier rapport sur les droits de l'homme en Côte d'Ivoire, produit par l'ambassadeur des Etats-Unis en Côte d'Ivoire, Phillip Carter III.
Un rapport fort accablant pour le régime Ouattara, qui y est présenté comme violateur de bien des libertés individuelles et donc peu enclin à promouvoir des valeurs démocratiques. C'est d'ailleurs ce rapport ou vitriol qui aurait effarouché les autorités ivoiriennes, lesquelles auraient demandé son départ. Ce qui fut fait. A en croire la radio américaine BBC, Obama a en effet choisi de se rendre les trois pays triés sur le volet parce que « Washington considère ces trois pays comme des modèles de démocratie et de stabilité ». Pendant les préparatifs de cette tournée africaine, rapporte pour sa part le site internet franceinfo.net, Obama a justifié son déplacement dans ces pays par la nécessité « de renforcer les institutions démocratiques et d'investir dans une nouvelle génération de dirigeants». Voilà qui est clair.
Assane NIADA
Tournée en Afrique: Pourquoi Obama a évité la Côte d'Ivoire - Photo à titre d'illustration