Tuo Féréta, agent d'encadrement ou de façon simple, garde pénitentiaire à la Maison d'arrêt et de correction de Tiassalé, n'est vraiment pas le bon exemple du fonctionnaire ivoirien officiant au sein de l'appareil judiciaire. L'homme était un dealer, doublé de consommateur de drogue, invétéré.
En effet, nos sources qui donnent l'information, expliquent que depuis déjà un bon moment, des rumeurs persistantes font état de l'existence d'un réseau de trafic de drogue au sein même de cette prison civile. Un réseau entretenu par certaines brebis égarées, au sein de l'effectif des gardes pénitentiaires. Un réseau dont les clients attitrés ne sont autres que des membres du contingent des locataires du mitard. A savoir, les bagnards. Une enquête discrète en interne est menée, dans l'espoir de démasquer les animateurs de cette équipe de scélérats. Mais la bande est tellement si bien organisée, qu'elle ne commet quasiment aucune erreur pouvant tout faire foirer.
Mais, comme on le dit, ce genre de vilenies a toujours une fin. Et l'erreur fatale va être commise. En effet, le mardi 25 juillet 2017, des gardes pénitentiaires procèdent à leur ronde habituelle, pour s'assurer que tout se passe bien dans la prison. Et au cours de cette opération, l'un des gardes a l'odorat titillé par l'odeur de la fumée de la drogue. Et cela, en provenance de l'une des douches de la prison. Il alerte un de ses collègues. Et tous deux, à pas feutrés, avancent vers les lieux, d'où se dégage l'odeur de « l'herbe ». Ils espèrent surprendre là un détenu, pour le foutre à la corvée et « salir » son dossier en le traduisant devant les autorités compétentes.
Mais à leur grande surprise, il ne s'agit pas d’un détenu, mais bien d'un des leurs. A savoir, Tuo Féréta qui est en train de se camer. L'homme planait. Hélas pour lui, ses collègues le tirent bruyamment de ses « rêves ». Ils le neutralisent et le conduisent à l'administration du pénitencier. Le même jour, la prison est en ébullition. Notamment, les prisonniers qui ont un lien avec la drogue. Ceux-là « mouillent » Tuo Féréta et son collègue Troh Baba Sylvain, en les présentant comme leurs fournisseurs attitrés. Ceux grâce à qui, ils n'ont jamais manqué leurs doses. Les deux gardes pénitentiaires, soulignent-ils, s'arrangeaient pour ne pas qu'il y ait rupture de stock. La gendarmerie est alertée. Des éléments de la maréchaussée débarquent dans les locaux de la prison, mettent aux arrêts les deux gardes et les conduisent à leur base.
Interrogé, Tuo Féréta passe à table, sans aucune difficulté. Mais vraisemblablement, il ne veut pas trinquer seul. Il explique que le trafic de drogue, dans la prison de Tiassalé, est une vieille pratique. Et selon ses déclarations, il n'est pas le seul à vivre de ce commerce illicite. Et que ce trafic est bel et bien animé et entretenu par d'autres gardes et lui. Et sur ce, il promet de faire le grand déballage, en citant nommément ces collègues dealers présumés. Quant à son collègue Troh Baba Sylvian, il nie les faits en récusant son appartenance présumée au groupe de gardes-dealers. En tout état de cause, deux jours plus tard, soit le jeudi 27 juillet 2017, tous les deux sont déférés devant le parquet. Jugés au cours d'une audience à huis-clos, Tuo Féréta est condamné à une peine exemplaire, de 7 ans de prison.....
Photo à titre d'illustration