Trafic routier : le désarroi des transporteurs routiers du corridor ivoirien

  • 04/08/2014
  • Source : Sidwaya
Victimes de rackets et de tracasseries diverses, les transporteurs routiers du corridor ivoirien affirment vivre un calvaire au quotidien.

 Ils l’ont exprimé haut, et parfois sur un ton de nervosité et de colère, à travers ces échanges à bâtons rompus que nous avons eus avec certains d’entre eux au poste frontalier de Niangoloko. C’était le vendredi 25 juillet 2014.
 
Des transporteurs routiers du corridor ivoirien ne décolèrent pas. Ils dénoncent surtout la multiplicité des barrages, les rackets et les tracasseries diverses dont ils se disent être victimes. Moussa Millogo est de ceux-là. «Cueilli» à bord de son camion-remorque qui venait juste de stationner au parking du poste de Niangoloko (ville frontalière burkinabè), il lâche: «Alassane (ndlr : le Président Alassane Ouattara) avait promis que s’il venait au pouvoir, il y n’aura plus de rackets sur les routes ».

 Pour lui, cette promesse n’est pas tenue. «Il y a trop de rackets sur ce tronçon et ça nous fatigue», clame-t-il. A l’entendre, il faut payer 1 000 à 2 000 F CFA à chaque poste avant de quitter, sinon le camion ne bouge pas.

De plus, a-t-il confié, les agents utilisent tous les alibis pour leur extorquer de l’argent avec pour conséquence, une perte énorme de temps en plus. En lieu et place d’une journée pour rallier Abidjan à Ouagadougou, il faut deux à trois jours, a-t-il soutenu.  Falikou Diby, un chauffeur de camion ivoirien est du même avis. Il s’insurge contre le fait qu’entre Niangoloko et Ouagadougou, long d’environ 495 kilomètres, il n’y a que deux barrages alors que sur le corridor ivoirien, il y a «trop» de barrages.

Sur place, il essaie de dénombrer les postes de contrôle sur le territoire ivoirien mais tout de suite, il se perd dans ses calculs. Et le comble, selon lui, c’est qu’avec les documents de voyage ou pas, le camion en bon état ou pas, le chauffeur est astreint à payer. Et d’ajouter qu’il y a même des barrages où on ne prend pas 1 000 F. L’air résigné, il confie : «comme il n’y a pas quelqu’un pour nous défendre, nous sommes obligés de payer, à défaut, tu es pris en otage ».
1 000  à 2 000 F à chaque poste
 
Savané Adama Sy, un autre conducteur de camion, de souligner que les agents de police n’hésitent pas à dire «qu’ils sont là pour ça (ndlr : racket)». En tant qu’Ivoirien, il dit regretter ce mépris, tout en exprimant sa solidarité avec les conducteurs burkinabè et nigériens. «On est fatigué, on dit que nous sommes dans la CEDEAO mais on ne comprend rien », rétorque Issouf Sawadogo. Il pointe aussi du doigt les rackets des agents de police dans les postes de contrôle et les contrôles mobiles des agents sur motard.

«Il faut que ADO (NDLR : le président ivoirien) voit ça», suggère Siaka Coulibaly, un chauffeur de car. Mariam Koné, une Burkinabè, secrétaire de profession à Abidjan en partance pour un décès à Ouagadougou partage, le même avis.

«Nous sommes bloqués chaque fois et le chauffeur doit payer. Nous étions obligés de se cotiser pour venir en aide au chauffeur qui n’avait plus rien», a-t-elle confié, le regard figé.

Fait notable, elle dit ne pas comprendre que les étrangers vivent en ce moment dans une parfaite quiétude sur le sol ivoirien alors que sur les routes, les chauffeurs vivent le calvaire. Malgré ces tracasseries et calvaires, le trafic routier de marchandises entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso va crescendo depuis la fin de la crise postélectorale de 2011.

C’est du moins ce qu’a confié le chef-adjoint  de bureau de la douane de Niangoloko, Macaire Yaméogo. De 2011 à 2012, a-t-il dit, le trafic a connu une hausse avec 4 079 véhicules enregistrés en plus, rien que pour le transit pour le dédouanement dans les postes intérieurs. Ce chiffre a augmenté de 1 609 véhicules de 2012 à 2013. Autrement dit, le Burkina Faso profite de la croissance qui frise les deux chiffres au bord de la lagune Ebrié.
 
Frédéric OUEDRAOGO