La Sotra présente aujourd’hui à la presse ses nouveaux bus venus de l’Inde. Est-ce le début de la fin du coma ?
Au plateau, quartier des affaires d’Abidjan, nous sommes au terminus Sotra gare sud, le mardi 21 mars 2017. Il est 10 h. Aucun autobus n’est en stationnement. Fini le temps où toutes les rangées d’arrêt de chargement étaient bondées de monde. Fini le temps où l’on accédait au bus sans avoir à user les coudes.
Fini aussi le temps où l’on assistait au spectacle des passagers « ensardinés » et des bus déjà essoufflés par le poids du chargement. Adjamé, autre commune de la capitale économique ivoirienne, terminus Sotra gare nord, le même décor s’offre aux visiteurs. Un silence de tombe règne dans la gare.
Ce mardi, excepté quelques autobus « express» qui partent de Yopougon, Cocody, Abobo, etc. en direction du Plateau et du Plateau vers Treichville, Marcory, Koumassi et Port Bouët, aucun bus ordinaire n’est visible. Quant aux abri-bus, à part quelques uns qui sont encore sur pied dans certaines communes comme le Plateau, les autres ont été détruits par des vandales ou servent en dortoirs aux fous.
Comme on le constate, la Société des Transports Abidjanais (Sotra) traverse une passe difficile. De plus d’un millier de bus dans les années 80, son patrimoine roulant n’a cessé de chuter au point où la société n’est plus en mesure de satisfaire la nombreuse clientèle abidjanaise. Actuellement cette entreprise de transport est quasiment dans l’incapacité à remplir son devoir qui est de faciliter la mobilité dans la ville d’Abidjan forte d’environ cinq millions d’habitants. Et les griefs portés à son encontre sont nombreux : insuffisance de bus, vétusté du parc automobile, pannes récurrentes des bus. Aujourd’hui, les bus qui reliaient les différentes communes au plateau ne sont plus visibles. Ce qui a entrainé la disparition de facto de certaines lignes.
Comment peut-on expliquer la situation de cette entreprise chargée du service public de transport dans la capitale économique ? Quand on sait qu’après sa prise de fonction, Méité Bouaké, directeur général de la Sotra avait annoncé, le 22 novembre 2011, de mettre en ligne d’ici 2016, 2000 autobus et 100 bateaux bus. Lors de la cérémonie de présentation de vœux, le 10 février 2014, Méité Bouaké déclarait devant les employés et les invités : «Je suis heureux de dire que nos résultats encouragent aujourd’hui à l’optimisme». Selon lui, le programme de redressement de la Sotra sur la période 2012-2016 qu’il a échafaudé, dès 2011, avec l’appui du gouvernement, est en train de porter ses fruits. L’entreprise de transport a réussi, d’après lui, à assurer un service minimum aux usagers grâce au plan de sauvegarde.
A la fin 2013, ce sont 600 autobus et 12 bateaux-bus qui, dit-on, étaient disponibles. Et le nombre de passagers est passé de 152,45 millions en 2012 à 170 millions en 2013. Soit une croissance de 35%. La société entendait acquérir pour l’année 2014, 745 autobus de seconde main d’un âge moyen de 7 ans. 10 bateaux-bus seraient réhabilités et dix autres, neufs, achetés.
En effet, le vendredi 18 mars 2016, la Sotra a renforcé son parc auto. Elle a réceptionné 127 nouveaux autobus lors d’une cérémonie officielle en présence du ministre des transports d’alors, M. Gaoussou Touré. Profitant de cette occasion, le directeur général de la Sotra, Méité Bouaké, n’a pas boudé son plaisir en affirmant : «La Sotra veut être un acteur majeur dans la mise en place d’un système de transport urbain de qualité pour la population abidjanaise».
Au vu de ce qui précède, cette entreprise de transport devrait désormais mieux se porter. Le directeur de la communication de la Sotra, Théodore Gnamien, que nous avons interrogé, s’est voulu optimiste quant au renouvellement et au renforcement du parc auto de la société abidjanaise de transport. « Les nouveaux bus ont embarqué depuis le 23 février 2017 pour arriver Abidjan au plus tard à la fin de ce mois de mars 2017 », nous avait-il confié. Hier, M. Gnamien nous a annoncé la présentation officielle prévue pour ce mercredi 29 mars, des autobus arrivés.
Lors de leur assemblée générale tenue en février dernier à Daoukro, les dirigeants de la mutuelle des agents de la Sotra avaient rassuré leurs collègues relativement à l’acquisition de 117 nouveaux autobus par leur employeur en mars 2017. Annonce concrétisée donc. Cette situation n’apaise pas cependant les travailleurs quant à l’avenir de leur entreprise. Pour de nombreux agents avec lesquels nous avons échangé, la Sotra est très loin d’être sortie de la zone rouge en matière d’équipement et de gouvernance.
Camille Konan
Photo à titre d'illustration