L'ambassade américaine à Ankara a annoncé dimanche 8 octobre la suspension immédiate de la délivrance de visas aux citoyens turcs. En réponse, le pouvoir d’Ankara a immédiatement décidé de faire de même contre les ressortissants américains. Cette suspension « à durée indéterminée » pourrait avoir des conséquences économiques importantes. A l’origine de cette guerre des visas, l’arrestation en Turquie d’un employé consulaire la semaine dernière.
C’est un « chantage » aux visas selon les médias pro-gouvernementaux. En cause, l’arrestation mercredi dernier d’un employé turc du consulat américain d’Istanbul, accusé d’être proche de l’imam Fethullah Gülen.
Il y a quelques mois, un autre employé avait été arrêté pour avoir soutenu le PKK, indique notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. Visiblement, c’en est assez pour Washington, qui a donc annoncé dimanche ne plus émettre de visas aux ressortissants turcs.
Quelques heures plus tard, Ankara reprenait mot pour mot le communiqué à son compte et suspendait à son tour l’attribution de visas aux Américains. Ce lundi, le pouvoir turc a montré qu’il n’était pas intimidé : la femme et le fils de l’employé du consulat ont également été arrêtés. Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est tout de même dit « peiné » par la décision des Etats-Unis.
Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan avaient pourtant affiché leur entente fin septembre aux Nations unies, rappelle notre correspondante à Washington, Anne Corpet. Lors d’une rencontre bilatérale, le président américain avait présenté son homologue turc comme un ami qui obtient de très bons résultats.
Cette « crise des visas » a des conséquences immédiates : la devise turque s’est effondrée face au dollar lundi. Un ralentissement des échanges entre les deux pays attendu avec inquiétude : l’année dernière, plus de 500 000 Américains s’étaient rendus en Turquie.
Le président turc Tayyip Recep Erdogan (g) et son homologue américain Donald Trump, mardi 16 mai 2017, à la Maison Blanche. REUTERS/Kevin Lamarque