Alexandre Zakhartchenko a été tué ce vendredi 31 août dans une explosion à Donetsk, l'un des principaux bastions des rebelles prorusses.
C'était l'un des premiers chefs de guerre prorusses arrivés au début du conflit ukrainien en 2014. « Le dirigeant de la République populaire de Donetsk (DNR), Alexandre Zakhartchenko, est mort dans une attaque terroriste », indique l'agence de presse des séparatistes.
Selon DAN, l'explosion a retenti ce vendredi vers 17h30 locales dans un café situé dans le centre de Donetsk dans des « circonstances [qui] sont en train d'être éclaircies ». Alexander Zakharchenko, 42 ans, avait survécu à plusieurs tentatives d'assassinat, rappelle notre correspondant à Lviv, Sébastien Gobert. Cette fois, il est mort sur le coup.
Un conseiller d'Alexandre Zakhartchenko a affirmé à la télévision russe que les auteurs présumés de l'attentat avaient déjà été arrêtés. Mais iIl est difficile de croire qu'une enquête identifiera clairement des coupables. Qu'elles soient le fait des services de sécurité ukrainiens, des mercenaires russes ou de simples luttes de clans séparatistes, les coupables de ces attaques sont rarement identifiés.
Dernier dirigeant historique séparatiste
Alexandre Zakhartchenko, ancien mécanicien et homme d'affaires, a été élu président de la DNR avec plus de 81% des voix en novembre 2014, quelques mois après la déclaration d'indépendance des territoires rebelles de l'est de l'Ukraine.
Sa mort, ainsi que le limogeage en novembre 2017 d'Igor Plotnitski, le « président » de la République autoproclamée de Lougansk, voisine de Donetsk, et l'assassinat de plusieurs chefs de guerre, marquent la fin des dirigeants historiques des territoires séparatistes.
Le « vice-Premier ministre » de la DNR, Dmitri Trapeznikov, assumera la présidence par intérim de la République autoproclamée, ont annoncé les autorités séparatistes.
Moscou et les séparatistes accusent Kiev
« Il s'agit d'une nouvelle agression de la part de l'Ukraine. (...) Donetsk va se venger pour ce crime », a de son côté réagi un haut responsable séparatiste, Denis Pouchiline, cité par DAN. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a également estimé qu'il y avait « toutes les raisons de croire » que le gouvernement ukrainien était responsable de cet attentat.
La Russie de Vladimir Poutine ne reconnaît toujours pas le soutien qu'il apporte aux séparatistes en Ukraine mais le président russe a très vite présenté dans un communiqué ses condoléances aux habitants de Donetsk, qualifiant Alexandre Zakhartchenko de « véritable leader populaire » et de « personne courageuse et déterminée ». « C'est sans aucun doute une provocation », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à des journalistes, selon des agences de presse russes. « La mort de Zakhartchenko va certainement aggraver les tensions dans la région » et miner le processus de paix lancé par les accords de Minsk en 2015 et parrainé par l'Allemagne et la France, a-t-il encore ajouté.
L'attentat peut effectivement poser un obstacle supplémentaire aux négociations de paix et pourrait redémarrer un cycle de violences dans la région. Les hostilités venaient pourtant de se calmer, afin d'accompagner le retour à l'école de milliers d'écoliers, précise notre correspondant sur place. Le ministère russe des Affaires étrangères a pour sa part estimé dans un communiqué que cet assassinat « crée une menace sérieuse de déstabilisation de la situation » dans l'est de l'Ukraine, en proie à un conflit dans lequel près de 10 000 personnes ont perdu la vie.
(avec AFP)
Alexandre Zakhartchenko, le «président» de la République autoproclamée de Donetsk, à la sortie de la première session du Parlement, le 14 novembre 2014 à Donetsk. REUTERS/Maxim Zmeyev