Un ivoirien incinéré en cachette en Suisse par son épouse après une mort non élucidée

  • 13/04/2017
  • Source : Afrikipresse.fr
La mort en Suisse, le jeudi 16 mars 2017, dans des conditions non encore élucidées de l’Ivoirien N'dri Kokora Yoffoua Bonaventure dont le corps fut incinéré par la volonté de son épouse , suscite révolte et indignation au sein de la communauté ivoirienne dans ce pays.

L'affaire a fait réagir l’Ambassade de Côte d’Ivoire dans la Confédération helvétique qui a confirmé ‘’la disparition’’ puis déploré ‘’l’incinération’’ du corps, sans que la famille du défunt, en Côte d’Ivoire ne soit informée. 

Daellenbach Heidi, de nationalité Suisse, épouse de Kokora N'dri Yoffoua Bonaventure est pointée du doigt comme principale suspecte , à cause de son refus d'entrer en contact avec la famille, les amis et proches de son défunt époux , ainsi qu'avec l'ambassade ivoirienne sur place. 

Tout semblait aller si bien ] 

Rien ne présageait une telle fin tragique pour N'dri Kokora Yoffoua Bonaventure puisque le couple,sans enfant, passait pour un modèle d’intégration et de réussite , avec des biens aussi bien en Suisse qu’en Côte d’Ivoire. 

Monsieur et Madame Kokora avaient notamment créé, sous le N° CI-TIA-201S-BS6, en Côte d’Ivoire, précisément à Tiassalé, la région natale de l’époux, une entreprise de négoce dénommée Société Coopérative Simplifiée agricole Hetibo de N’douci, en abrégé ‘’SCOOPS-HETIBO’’. 

Une entreprise mise sur pied le 15 décembre 2015, avec un capital social de 1.000.000 FCFA en numéraire. Lui en était le Président du Conseil de Gestion et son épouse, Daellenbach Heidi, la Secrétaire générale. 

N'dri Kokora Yoffoua Bonaventure était actif en Suisse et même dans toute l’Europe pour son parti, le PDCI RDA, et caressait le vœu de se présenter dans sa région, aux prochaines élections municipales sous la bannière du RHDP. 

[ Tentative fatale de retour au pays natal ? ] 

Pour préparer sa reconversion dans l’arène politique au sein l’Agnéby-Tiassa, N'dri Kokora Yoffoua Bonaventure confie à son épouse, son désir de regagner pour toujours sa terre natale. 

Il propose également l’admission au sein de la société ‘’SCOOPS-HETIBO’’, de sa fille Simonnelle Kokora (24 ans) née d’un précédent mariage qui vit également en Suisse, dans une commune autre que la leur. 

[ Refus catégorique de la part de sa femme 

Le désir exprimé de retourner en Côte d’Ivoire et la proposition de voir sa fille jouer un rôle au sein de la nouvelle entreprise ont-ils été des éléments déclencheurs de l'arrêt de mort du défunt ? 

[ Consternation chez les Ivoiriens, voire, les Africains vivant en Suisse ] 

" Depuis cette histoire, tous les compatriotes mariés ici aux Blancs ont peur maintenant. (…) La mort d'un nègre n'impressionne aucun Suisse. Ça, vous devrez le savoir en priorité», a réagi un proche du défunt, joint le mercredi 5 avril 2017, par téléphone. 

[ La fille du défunt indésirable chez la veuve ] 

La fille du défunt Simonnelle Kokora donne sa version des faits à Afrikipresse : " Apprenant des rumeurs sur la mort de mon père qui ne répondait plus au téléphone, je me suis rendue à son lieu de travail le mercredi 17 mars dernier et je me suis présentée comme sa fille. On m'a fait savoir sur place que l'entreprise ne pouvait rien me dire , et que je devais voir sa femme, Heidi Kokora. Vu la relation inexistante entre celle-ci et moi, je suis allée à la police. Sur place, les policiers m'annoncent la mort de mon père et me demandent de prendre contact avec son épouse. Entretemps, j'ai fait le tour des morgues de Berne et région pour m'assurer du décès de mon père , mais il n'y avait pas de traces du corps. La nouvelle de sa mort m'avait été aussi communiquée par l'Eglise dans laquelle il se rendait. Suite à la recommandation de la police, je me rends au domicile de mon père avec l'un de ses amis . Comme d'habitude, j’avais voulu contourner la maison et me rendre au jardin ou s'asseyait mon papa.

J’en ai tout de suite été dissuadée par mon accompagnateur qui flairait un danger. C'est ainsi que nous avons sonné à la porte. Nous avons été accueillis par l'un des fils d’Heidi, ma belle-mère. Il était très menaçant et très injurieux ; et a même décidé de nous faire la peau. Réveillée par les éclats de voix de son fils, sa mère Heidi est arrivée à la porte et a décidé de nous laisser entrer dans la maison. Lorsque j’ai demandé où se trouvait mon père, le ton est rapidement monté, au point que nous avons décidé de sortir ; son fils devenait davantage menaçant et elle même ne voulait ni voir un Africain ni se justifier. Nous sommes alors sortis de la maison pour nous retrouver dans les rues d’où le fils , a continué de nous suivre avec des injures. Il s'est même lancé à nos trousses avec sa voiture manquant de peu de nous écraser ; l'arrivée de la police à qui j'avais téléphoné auparavant nous à permis de nous en sortir . Je ne comprends pas la police qui à mon avis n'a pas fait évoluer les choses quant à l’enquête liée à la disparition de mon père. Voila le contexte dans lequel je me retrouve seule en ce moment". 

[ Réaction de l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Berne à travers Bakayoko Abibou Chargé des Affaires juridiques ]

Selon le chargé d'affaires juridique à l'ambassade ivoirienne à Berne en Suisse , le dossier Kokora est pour le moment à l’état d’investigation. Notre interlocuteur dit avoir déjà informé le Ministère des Affaires étrangères en Suisse. 

" Nous avons fait au moins deux courriers. C’était à l’état des rumeurs puis, nous avons fait des recherches qui ont confirmé que notre compatriote est décédé. C’est alors que nous avons adressé un courrier au Ministère des Affaires étrangère de la Suisse pour information parce qu’en tant que juriste de formation, lorsqu’on parle de mort d’homme, il faut voir le corps. Lorsque vous ne voyez pas le corps, vous parlez de disparition. Parce qu’il y a plusieurs cas. Il y'a des cas d’absence, de disparition et puis mort. Dans ce dernier cas, il faut voir le corps; nous n’avons pas vu le corps du défunt présumé. (…) Comme nous sommes le représentant l’Etat de Côte d’Ivoire ici en Suisse, nous avons adressé deux courriers. L’un, au ministère des Affaires étrangères de la Confédération Suisse, et l’autre, au niveau du Département Police et Justice. Les Affaires étrangères nous ont répondu parce que lorsque nous avons adressé le courrier, ce ministère a saisi le service compétent en la matière. Puis, nous avons aussi saisi le Ministère ivoirien des Affaires étrangères. C’est vous dire que nous avons fait au moins trois courriers", a poursuivi le diplomate-juriste. 

Devant l'impatience de la communauté ivoirienne en Suisse face à la lenteur des résultats des investigations entamées depuis près de trois semaine , Bakayoko Abibou rassure : " Ceux qui disent ou pensent qu'ils sont délaissés, n’ont peut être pas la bonne information. En notre qualité de représentant de l’Etat de Côte d’Ivoire, il est difficile de dire qu’on ne mène aucune action concernant cette affaire. Nous ne pouvons pas nous lever comme cela pour dire que nous allons aller saisir la dame (Mme Kokora : Ndlr) chez elle. Elle a fermé la porte. Moi-même, lorsque j’ai appris le décès, j’ai mené des investigations. J’ai même envoyé des gens sur le terrain pour vérification et ces personnes n’ont pu avoir accès au portail de la dame. Au contraire, ils ont même été pourchassés. Il y a des Ivoiriens connaissant bien la famille , qui se sont rendus au domicile du couple , mais l’un des enfants de la dame n’a pas voulu qu’ils pénètrent dans le domicile. Ils leur ont demandé de dégager , sous la menace de faire appel à la police pour constater une violation de domicile ". 

[ L'ambassade n'a pas eu accès au domicile ] 

Soucieux d'éclairer sur ce qui s'est exactement passé, le diplomate poursuit : " Nous n’avons pas pu avoir accès au domicile du défunt où vit également sa femme. Lorsque j’ai appris l’information, j’ai appelé la dame , car j’ai ses deux numéros : le fixe et le téléphone portable. J’ai eu la chance que son fils ait décroché une seule fois. Parce que tous les Ivoiriens qui connaissent le couple lorsqu’ils appellent, il n’y a aucune réponse. À présent même, son téléphone ne répond plus aux appels. Son fils avait dit qu’il allait me rappeler mais jusqu’à présent, rien. Même la fille de Kokora a tenté de se rendre au domicile de son défunt père , mais elle et son accompagnateur ont été pourchassés par les enfants de la dame , qui a dit qu’elle n’a pas besoin de condoléances. Selon la dame, le corps a été incinéré parce que M. Kokora aurait laissé un document qui dit que s’il meurt, il faudra l’incinérer. (....). Nous n’avons pas vu pour le moment, ce document faisant état de la volonté du défunt d'être incinéré, parce que personne n’a accès à la dame. (…) Cette dame avait même déclaré à la Police que M. Kokora n’avait pas d’enfants et qu’elle serait sa seule famille en Suisse ; c'est ainsi que son corps a été incinéré sans qu’on ne le voie. Le jour de l’enterrement, nous sommes quand même arrivés sur place , alors qu'il avait été dit que c’était dans l’intimité familiale. Après l’incinération, il devait y avoir une prière. Mais à l’Eglise, le révérend qui nous a accueillis a dit que cela a été annulé. Il a confié que c’est la première fois, qu’il voyait cela , et qu’il n'y comprenait rien. Ce jour là même, il y a beaucoup d’Ivoiriens qui avaient effectué le déplacement…". 

Claude Dassé