Un mois après leur cuisante défaite face à Henri Konan Bédié, Alphonse Djédjé Mady et Bertin Konan Kouadio dit KKB sont loin d’être des hommes résignés, pis ils ruminent même une certaine colère.
Il y a un mois, Alphonse Djédjé Mady et Bertin Konan Kouadio dit KKB étaient presque des vedettes. Parce qu’ils avaient pris rendez-vous avec l’histoire. Mais au finish, le pari a tourné court pour eux. Battus sèchement par Henri Konan Bédié qu’ils ambitionnaient de faire chuter de la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), ils entament une nouvelle vie sur laquelle ils gardent tous les deux, le plus grand secret.
«Pourquoi voulez-vous me rencontrer alors que je ne suis désormais qu’un simple militant du Pdci. Et quand on est simple militant, on n’a pas besoin de se répandre dans les médias», rembarre au téléphone KKB, quand nous émettons le désir de le rencontrer pour un entretien. Mais manifestement, les proches de l’ancien président de la Jeunesse du Pdci (JPdci) ne sont pas tous dans cette posture faite de discrétion voire d’attentisme.
«Comme il a été relégué au rang de simple militant, il se plait dans cette nouvelle posture. Au Pdci, il n’y a pas un militant qui vaut plus qu’un autre», confie une collaboratrice du député de Port-Bouët. «Le statut de militant est le mieux placé parce que le militant simple est indépendant, il est libre de ses mouvements», ajoute la collaboratrice de KKB, révélant au passage que le quotidien de son ‘’patron’’ continue d’être meublé par des entrevues aussi bien avec des militants de l’ancien parti unique, qu’avec des citoyens lambda.
«Il a son bureau qui fonctionne. Il continue de travailler, son cabinet fonctionne. Il reçoit les gens qui viennent vers lui. Il reçoit en tant que député. Mais, n’oublions pas aussi qu’il est un candidat malheureux à la présidence du Pdci; ce statut fait un peu bouger les choses», confie-t-elle.
La vie continue…
Visiblement du côté de l’ancien leader de la jeunesse du Pdci qui rentre d’un séjour d’environ dix jours à Paris, l’heure est toujours au bilan de la campagne pour la conquête de la présidence du parti cinquantenaire. «Grâce à son combat, le congrès a pu avoir lieu. Sinon dans l’entendement de M. Bédié, il était question de convoquer le bureau politique fin 2013 ou début 2014.
Dans ce cas-là, à quel moment on allait effectivement tenir le congrès et à quel moment on allait avoir la convention ? S’il ne faisait rien pour amener les gens à tenir le congrès, au plus tôt, pour permettre d’organiser la convention, on aurait été convaincus de la nécessité de ne pas avoir de candidat en 2015. Grâce à lui, les lignes ont bougé. Il a réclamé le bureau politique, il y a eu un conclave, un pré-congrès puis le congrès.
Il a réclamé une candidature du Pdci en 2015, Bédié a répondu qu’il y aura une candidature, même si le langage n’est pas encore clair. Ce qui est sûr, les militants du Pdci n’accepteront jamais d’aller à une élection sans candidat du Pdci. C’est un point positif pour nous», se félicite notre interlocutrice, au téléphone.
Mady prend du recul
Du côté de l’ancien secrétaire général du Pdci, Alphonse Djédjé Mady, c’est plutôt la discrétion qui prévaut. Depuis la débâcle et presque «peiné par la manière dont les choses se sont passées», le député de Saïoua s’est muré dans un silence difficile à ‘’percer’’.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ‘’Djédjé Mady’’, très ouvert de la campagne, a fait place à un homme particulièrement réservé, à la limite, méfiant. «Merci pour l’attention que vous nous portez, mais pour l’instant, il ne souhaite pas communiquer. Nous allons dans un premier temps, en interne, tirer les leçons de notre participation au 12ème congrès.
Il y a eu beaucoup de choses qui se sont passées au cours de ce congrès qui ne sont pas dignes d’un grand parti comme le Pdci. Mais ça, ce n’est pas nouveau. Nous l’avons déjà dit. Maintenant, quant à savoir ce que le Pr Djédjé Mady devient ou ce qu’il compte faire, il est trop tôt pour vous dire quelque chose de concret. Il vient de prendre part au congrès et le moins qu’il puisse faire, c’est de prendre un peu de recul, de se reposer.
Et, je pense que c’est ce qu’il fait en ce moment», se lâche un ancien élu qui était aux côtés du député de Saïoua pour la conquête du fauteuil de président du Pdci. Poursuivant nos investigations, nous apprenons ‘’de la bouche’’ d’un collègue d’Alphonse Djédjé Mady que l’ancien secrétaire général du Pdci se montre très peu en public, ces derniers temps.
«Il comptait parmi les grands absents aux récentes obsèques d’Henriette Dao Coulibaly (inhumée le 24 octobre 2013, ndlr), décédée le lendemain de la passation de charges entre lui et le Pr Maurice Kakou Guikahué», témoigne l’élu Pdci. Un autre député, celui-là du Rassemblement des républicains (Rdr), assure, pour sa part, que le président du Conseil régional du Haut-Sassandra a été «rarement vu au Parlement ces temps-ci. Mais, il participe quand même aux travaux de l’Assemblée». En fin de compte, notre insistance finira par payer auprès du concerné lui-même. «Je ne suis pas disponible maintenant», répond-il à notre volonté de le rencontrer.
Kouassi Yao attend Bédié
Le troisième compagnon d’aventure, Kouassi Yao, qui s’était, dès la fin du congrès, mis à la disposition du Sphinx de Daoukro, dit attendre les éventuelles propositions que le président Henri Konan Bédié voudra lui faire. «Pour le moment, je ne deviens rien de spécial. Je crois savoir que je fais partie du bureau politique puisque j’ai vu mon nom à la 286 ou 287ème position, c’est Kouassi Yao tout court qui est inscrit. Mais comme c’est un nom commun de Baoulé, je ne peux pas dire que je suis le seul Kouassi Yao.
Il se peut que quelqu’un ait eu le même nom que moi. Comme on n’a pas reçu de notification personnalisée pour signifier qu’on est ‘’tombé’’, jusqu’à nouvel ordre, je considère que je suis membre du bureau politique», fait observer l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, sous Henri Konan Bédié. «La seule chose que je ne regrette pas mais qui est un fait, c’est que j’étais membre de l’inspection du parti à l’époque ou le Premier ministre Duncan était coordonnateur. Cette fois-ci, le nombre d’inspecteurs a doublé mais je n’en fais plus partie.
Je n’ai pas à en pleurer. Pour le moment, toutes les organisations du parti font l’objet de murmures, beaucoup de rumeurs disent qu’on va recommencer (…) ; pour le moment, aucune de ces instances n’a siégé», ajoute-il. Ainsi va la vie des challengers malheureux d’Henri Konan Bédié, au sein du Pdci.
Un mois après le congrès du Pdci: Sur les traces de Mady et de KKB - Photo à titre d'illustration