Confisqué en 1916 par l'armée française à la communauté Ébrié et conservé au musée du Quai Branly, le Djidji Ayokwe doit être restitué en 2023.
Il n'avait plus résonné dans son pays d'origine depuis près d'un siècle: un tambour ivoirien saisi par la France durant la colonisation est sur le point d'être rendu à la Côte d'Ivoire, nouvelle étape d'une politique de restitution d'œuvres engagée en 2017 par le président Macron. «Cet objet a une grande valeur», sa restitution «va faire du bien aux descendants (...) c'est une action forte qui parle aux communautés», s'est réjoui auprès de l'AFP un porte-parole du ministère ivoirien de la Culture.
Confisqué en 1916 par l'armée française à la communauté Ébrié et conservé ces dernières années au musée du Quai Branly à Paris, le tambour ivoirien Djidji Ayokwedoit être restitué au musée des Civilisations de Côte d'Ivoire courant 2023. Cet objet traditionnel, réclamé de longue date par Abidjan, constitue une pièce centrale de l'art musical des Ébriés, ethnie de Côte d'Ivoire.
Surnommé «tambour parleur», mesurant trois mètres de long et pesant 430 kg, cet instrument en bois aux propriétés symboliques et mystiques servait notamment à prévenir des dangers, mobiliser pour la guerre ou convoquer les villages à des cérémonies ou des fêtes. Il est le premier d'une liste de 148 œuvres dont la Côte d'Ivoire a officiellement demandé fin 2018 la restitution à la France.
Pour assurer le retour du tambour dans son pays dans de bonnes conditions, des travaux de restauration ont dû être entrepris par le musée du Quai Branly. Entre 1916 et 1930, année de son envoi en France, «il était resté presque quinze ans en extérieur dans la maison du gouverneur français en Côte d'Ivoire - Marc Simon - donc il a été soumis aux intempéries, soumis à la proximité des insectes xylophages qui se sont installés», explique Nathalie Richard, directrice du pôle conservation du musée du Quai Branly.
Le soclage du tambour constitue la dernière étape avant le départ de l'objet. «C'est un dispositif qui permettra à la fois de le présenter, de le manipuler et de le transporter. Ces aspects, que ce soit la restauration ou la décision de faire un socle, ont été proposés par le musée du Quai Branly aux responsables ivoiriens qui eux-mêmes en ont rediscuté avec les chefs des villages concernés par ce tambour», ajoute-t-elle, indiquant que «tout ça a été décidé en concertation».
L'arrivée du Djidji Ayokwe au musée des Civilisations à Abidjan ne pourra cependant être actée qu'après le vote au Parlement français d'une loi permettant son retour officiel, à l'image de la restitution de pièces historiques au Bénin approuvée par les parlementaires en décembre 2020.
Une cérémonie de «libération» s'est déroulée au musée du Quai Branly en novembre pour permettre la manipulation de cet objet avant son retour en Côte d'Ivoire. Capture TV5 Monde