Quelque 50 victimes des crises en Côte d’Ivoire ont assiégé, jeudi, les locaux du Programme national de la cohésion sociale (PNCS) sis à Cocody-Riviera pour réclamer, selon eux, leurs « indemnisations » de prises en charge.
« Nous avons faim, nos enfants ne partent plus à l’école. Depuis deux ans, après la somme de 150. 000 FCFA perçues, plus rien. Quand on vient, on nous promène de bureaux en bureaux sans qu’une solution soit trouvée. Nous sommes fatigués de faire la navette pour l’argent que l’Etat a dégagé pour nous prendre en charge », fulmine Karim Coulibaly, amputé d’une jambe.
Comme lui, dame Bamba Makouroua ne décolère pas contre l’organe chargé de l’indemnisation des victimes des crises survenues en Côte d’Ivoire.
«Je n’en peux plus. Depuis 2000, j’ai subi un traumatisme, victime d’un viol collectif à l’école de police. Une seule fois, j’ai eu les fameux 150. 000 FCFA de transport et on m’a dit de repasser. Depuis 2015, je défile ici en vain. Aujourd’hui, nous voulons savoir les raisons du blocage pour que près 400 victimes soient laissées pour compte », déplore Mme Bamba.
Le jeune Joël qui a subi une double opération chirurgicale de la colonne vertébrale après avoir reçu des plombs à Duékoué (ouest) raconte que ses frais d’hospitalisations s’élèvent à ce jour à 3,5 millions FCFA.
« Aujourd’hui je me promène avec une sonde que je dois changer chaque trois jours à raison de 20.000 FCFA la séance. Chaque fois que je viens, c’est le même discours. Aujourd’hui je veux savoir ce qui se passe », souligne-t-il.
Pour Pr Kouamé N’guessan, Chef de cabinet de la ministre de la Solidarité, de la Cohésion Sociale et de la Lutte contre la Pauvreté, Pr Mariatou Koné, qui a échangé avec ces victimes sur leurs préoccupations s’est réjoui à la fin que la sérénité soit revenue.
« Nous avons échangé sur leurs préoccupations concernant les prises en charge médicales, concernant leurs revenus…, nous avons échangé et on s’est séparé de façon conviviale, ça veut dire qu’on s’est compris », s’est félicité Pr Kouamé.
Il a expliqué que « l’indemnisation que ce soit pour les prises en charge médicales ou les réparations financières ou encore pour les victimes décédées, est un processus et que les gens n’ont pas souvent la bonne information. J’ai donc apporté les précisions nécessaires, ils sont repartis soulagés ».
« Il ne s’agit pas d’être blessé ou décédé pendant la période de crise pour être victime. Or il se trouve que beaucoup de personnes se disent victimes alors que leur blessure n’a aucun lien avec la crise-postélectorale. Ce sont toutes ces informations que nous vérifions avant l’indemnisation », a précisé le Chef de Cabinet de la ministre Mariatou Koné soulignant que « la plupart de ces personnes sont bien dans nos fichiers qui ont même été déjà indemnisées ».
Pour Issiaka Diabi, président du Collectif des victimes des crises en Côte d’Ivoire, présent sur les lieux, « il ne faudra pas que les victimes des crises soient encore les victimes innocentes des dysfonctionnements de l’administration. Il y a près de 400 dossiers de prises en charge qui vont de bureau en bureau sans qu’on ne sache qui les traite exactement ».
« Evidemment, cela crée un sentiment de frustration chez les victimes qui ne savent plus à quel saint se vouer. J’espère que l’action de ce matin amènera les uns et les autres à changer de comportement dans le traitement des dossiers des victimes non encore indemnisées », a-t-il plaidé.
HS/ls/APA
Une cinquantaine de victimes des crises réclamant leurs «indemnisations» assiègent le PNCS