C’est une première dans l’Église, le pape François a décidé ce mardi 17 décembre de lever le secret pontifical dans le traitement des cas d’abus sexuels. Une décision attendue depuis longtemps par les victimes et qui témoigne de la volonté du souverain pontife de poursuivre sa lutte contre ce fléau.
Les victimes d’abus sexuels dans l’Église attendaient cela depuis longtemps, le pape François les a écoutées. Le secret pontifical, qui gardait dans l’ombre les procédures canoniques en cas d’abus sexuel, est désormais levé.
La question avait été longtemps débattue lors du sommet organisé au Vatican en février dernier sur les abus en présence des épiscopats du monde entier. Elle avait encore suscité des réticences au plus haut niveau de l’Eglise. Mais le pape souhaite désormais de la transparence.
Verrou qui saute
Le secret pontifical empêchait jusqu’ici les victimes de suivre les procédures disciplinaires en cours contre un prêtre ou un religieux prédateur. Il empêchait même ces victimes de connaitre la sentence qui avait été rendue contre leur agresseur. Ce verrou qui saute devrait aussi permettre aux diocèses de mieux travailler avec la justice civile, car ils ne pourront plus se cacher derrière le secret.
La justice des différents États pourra aussi exiger des archives qui dormaient jusqu’ici au Vatican afin qu’elles soient remises aux magistrats instructeurs.
Le Saint-Siège explique que la confidentialité pour les victimes et les témoins doit néanmoins toujours être protégée. Le texte publié ce mardi précise également l’importance que l’identité des agresseurs soit préservée, afin que la justice soit rendue dans les meilleures conditions.
Au Chili, les victimes saluent cette décision
L'annonce aurait presque pu passer inaperçue au Chili, alors que le mouvement social contre les inégalités dure depuis maintenant deux mois. Mais les victimes de pédophilie dans l'Église n'ont pas manqué de commenter la mesure annoncée par le Vatican ce mardi, a relevé notre correspondante à Santiago, Justine Fontaine. « Que les évêques et les cardinaux écoutent bien ce que vient de dire le pape François, a tweeté Juan Carlos Cruz, ancienne victime d'un prêtre aujourd'hui militant contre les violences sexuelles dans l'Église. Ils ne pourront plus se cacher derrière le secret pour dissimuler ce qu'ils ont fait. »
La levée du secret pontifical pour les cas de violences sexuelles sur mineurs permettra désormais à la justice d'accéder plus facilement aux archives et documents de l'Église. Au Chili, les autorités catholiques avaient par exemple refusé de transmettre au parquet tous les témoignages réunis par un envoyé spécial du pape, venu enquêter sur les affaires de violences sexuelles commises par des prêtres dans le pays. Le secret pontifical avait alors été invoqué pour justifier cette décision.
« C'est une victoire pour les milliers de victimes à travers le monde qui ont protesté auprès de l'Église », a conclu José Andrés Murillo, une autre victime de violences sexuelles, interviewé par la télévision chilienne.
Le pape François au Vatican le 19 juin 2019. REUTERS/Yara Nardi