Voyage d’Etat dans le Gbêkê : les enjeux de la visite de Ouattara

Il le sait. Le peuple Baoulé a certes digéré la crise militaro-politique de 2002 à 2011. Mais au fond, il n’a pas pour autant oublié. Plus d’une décennie après cette tragédie, Alassane Ouattara ira, la main sur le cœur, parler à ses «sœurs» et «frères» du Centre. Le chef de l’Etat évoquera, sans nul doute, ce souvenir douloureux. Mais surtout, en homme d’Etat, épris de paix et animé par l’amour du prochain, Alassane Ouattara parlera de réconciliation, de pardon, de cohésion sociale et de tolérance entre les filles et fils de la Cote d’Ivoire et particulièrement de la région du Gbêkê.

Disciple de Félix Houphouët-Boigny, il rappellera les œuvres de paix du «Vieux» qui ont permis de garantir la stabilité et le développement de la Côte d’Ivoire, de briser les barrières de la haine, de la méfiance, de l’inimitié entre le sud, le nord, l’ouest, l’est et le centre. Ayant prôné, tout le long de son combat politique, «le Vivre ensemble», le numéro un Ivoirien exhortera les populations sans distinction, à s’inscrire résolument dans le processus de réconciliation piloté par la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Il partagera également avec les populations, les valeurs qui lui sont chères afin de redonner à la terre d’Eburnie, son lustre d’antan.

A l’image des «Fêtes tournantes de l’indépendance» qui ont permis d’insuffler une dynamique au développement de la Côte d’Ivoire, le président de la République, à travers ses visites d’Etat veut rattraper le retard accusé par le pays. Du fait de la crise militaro-socio-politique. A preuve, de la région du Cavally, au Guemon en passant par le Bounkani, le Gontougo et la région des Savanes, les visites du chef de l’Etat ont apporté un changement dans le visage de ces régions balafrées par la crise : routes, centres sanitaires, pompes hydrauliques et électrification publique et rurale ont été réalisés pour le bonheur des populations. Pour le Gbêkê, déjà, avant l’entame de sa tournée, le PR a annoncé les couleurs.

La région retrouve une embellie remarquable. Toutes les grandes artères et les ruelles ont bénéficié d’une cure de jouvence. Grâce au Programme Présidentiel d’Urgence (PPU), des infrastructures de base ont été réalisées dans de nombreuses localités et plusieurs chantiers ont été ouverts. En matière de salubrité, les populations avec l’appui des autorités locales, notamment les maires s’attèlent à donner à leur localité un aspect reluisant en débarrassant leur zone des ordures. Des fonds ont été dégagés pour insérer les jeunes démobilisés.
Les structures étatiques, le CEPICI, le FNJ, l’AGEPE et leurs partenaires au développement sont à l’œuvre pour accompagner et encadrer les entrepreneurs et les jeunes dans la région. Bref ! Le développement est en marche.

Outre la réconciliation et le développement, les questions politiques occuperont une place de choix dans les interventions du chef de l’Etat. Avec en ligne de mire, la présidentielle de 2015. Alassane Ouattara veut un second mandat. Et depuis le Grand nord, il l’avait annoncé. Pour ce faire, le numéro un Ivoirien est bien conscient du fait qu’il devra manœuvrer stratégiquement pour maintenir le pacte de 2010 qui l’a porté au pouvoir.

Dans cette otique, Alassane Ouattara axera son discours sur le projet commun du RHDP afin de maintenir la flamme de l’alliance des Houphouëtistes dans le cœur du peuple Baoulé. Il présentera les valeureux cadres de la région pour montrer que personne n’a été laissé à la touche. Une manière pour lui de dire que le pacte n’a pas été trahi, et que l’entente est plus que jamais au beau fixe entre les disciples de Houphouët.

Il va rassurer une fois de plus les filles et fils de la région sur sa volonté de faire de la Côte d’Ivoire un pays au-dessus des clivages politiques, un pays porté résolument vers l’émergence. Il se positionnera également comme le président de tous les Ivoiriens sans exception et sans exclusion.

 

Ben Sylla