Le bonheur n'est pas toujours dans le prêt. Wilfried Bony ne dira pas le contraire. Arrivé cet été à Stoke City, l'Ivoirien voulait retrouver du temps de jeu. Mais le joueur appartenant à Manchester City n'est plus utilisé chez les Potters. Pour Foot Mercato, Bony évoque sans détour sa situation délicate. Entretien.
Foot Mercato : Pourquoi avez-vous rejoint Stoke City l’été dernier ?
Wilfried Bony : Malgré plusieurs propositions, j’ai effectivement opté pour Stoke City. Ce, pour deux raisons principalement. La première a été le discours du coach et nos échanges. Ils se sont renseignés à mon sujet auprès de mes anciens clubs et ils m’ont fait beaucoup d’éloges sur mes qualités de joueur mais aussi d’homme et de leader. Ils m’ont aussi assuré que je jouerai. Comme ce n’était pas le cas depuis six mois à Manchester City, c’était ma priorité. Ensuite, j’ai regardé l’effectif et quand j’ai vu que je jouerai avec Arnautauvic, Allen, Shaqiri, Adam, etc... Je me suis dit que c’était parfait. Ce sont de très bons joueurs.
FM : Quels étaient vos objectifs en rejoignant les Potters ?
W.B : Au niveau collectif, le but était de permettre à l’équipe, dans un premier temps, de retrouver sa place dans la première partie de tableau. Ensuite, c’était de permettre au club de continuer son évolution par rapport à la saison passée en se classant dans les 8 premiers. Individuellement, je voulais retrouver le terrain et jouer avant tout. J’avais fait six mois sans jouer. L’objectif était aussi de retrouver mon niveau de performance de 2015 qui était plutôt bon dans l’ensemble. Cela m’avait permis d’être nommé dans la liste des meilleurs joueurs pour le Ballon d’Or (une pré-liste de 59 joueurs).
FM : Comment se sont passés vos premiers pas à Stoke City ?
W.B : Quand je suis arrivé, l’équipe était 20ème. J’ai enchaîné 10 matches en tant que titulaire et on est remonté à la 7ème place fin novembre. Même si je souhaitais marquer plus, j’étais, même avec mes 2 buts, autant décisif que les autres. Seul Allen était meilleur avec 5 buts. J’étais ravi car non seulement l’équipe progressait bien mais aussi je reprenais du plaisir à jouer sans me blesser. Le contenu de mes matches était plutôt positif pour un joueur qui n’avait pas joué depuis 6 mois.
FM : Votre dernier match en club remonte au 27 décembre. Même si vous avez participé à la Coupe d’Afrique des Nations en janvier avec la Côte d’Ivoire, vous n’avez plus rejoué avec les Potters. Comment l’expliquez-vous ?
W.B : Effectivement, je ne joue plus depuis début décembre (un seul match en décembre). Moi-même, je suis très surpris de ne plus jouer et je ne connais pas les raisons. Je ne comprends pas et je me pose beaucoup de questions. Ce que je sais, c’est qu’il y a eu une conférence de presse fin novembre où les journalistes évoquaient une clause pour un départ en Chine (le joueur refusait d’y aller). Hasard ou coïncidence ? Ce qui est sûr, c’est que je ne joue plus depuis ce jour.
FM : Avez-vous eu des explications de la part du coach ?
W.B : Je suis allé voir le staff plusieurs fois. À chaque fois, ils m’ont dit que je m’entraînais très bien, que mon attitude était bonne et qu’il fallait que je continue. Ils n’avaient rien à me reprocher. Je leur ai alors demandé s’ils voulaient que je bosse plus. Ils ne m’ont rien signifié. Quand on vous dit que tout va bien mais que vous ne jouez même pas une minute et que vous n’êtes même pas dans le groupe contre Tottenham, ça n’a pas de sens.
Bony est frustré
FM : J’imagine que la situation doit être dure à vivre...
W.B : Forcément comme tous les joueurs, je le vis très mal à partir du moment où je ne suis pas sur le terrain. Je suis venu ici pour aider Stoke City à gravir des échelons. Aujourd’hui, on ne me donne pas l’occasion d’aider l’équipe. Je ne rentre même pas en cours de match quand l’équipe est menée. Je suis donc frustré et déçu de ne pas apporter ma pierre à l’édifice. Quand je vois sur certains matches que l’équipe est menée, et que je pourrais apporter mon expérience, mon envie, mes qualités et que je reste sur le banc, ça m’agace ! J’ai l’impression de ne servir à rien. De plus, je suis venu ici me relancer. Je bosse très dur durant les entraînements et après aussi avec mon coach personnel à la maison pour réussir. Je m’impose des séances supplémentaires avec lui pour maintenir un niveau de performance. Je me donne les moyens de réussir. Mais rien ne change et je ne sais pas pourquoi.
FM : Vous appartenez toujours à Manchester City. Le club vous a-t-il parlé de votre avenir ? Avez-vous pensé à revenir là-bas cet hiver ?
W.B : Oui, j’ai eu mon agent et Txiki Begueristain qui a pris des nouvelles de moi il y a 10 jours. Ils m’ont dit que des offres étaient arrivées de Chine. Mais je ne suis pas intéressé. Moi ce que je veux c’est jouer, rester et réussir en Premier League. C’est le meilleur championnat au monde. Retourner à Manchester, ça aurait été la solution de facilité. Je vais toujours au bout de mes idées, je n’aime pas renoncer à la première difficulté. J’aurais très bien pu aussi accepter les gros chèques venant de Chine. Ça aurait été encore plus simple. Ce sont des offres financières très importantes. Mais ce que je veux, c’est que l’on me laisse jouer au football, qu’on me laisse faire mon métier et jouer dans ce super championnat anglais où je suis convaincu que je peux réussir.
FM : Votre dernier match officiel remonte au 24 janvier avec la Côte d’Ivoire lors de la CAN. Quel bilan tirez-vous de ce tournoi ?
W.B : On a été déçu car ce n’est pas le résultat espéré. On avait à cœur d’aller en finale et de ramener le trophée au pays pour donner du plaisir aux supporters. Individuellement, j’ai démarré la compétition en tant que remplaçant. J’ai beaucoup bossé pour retrouver une place de titulaire. J’ai fini par jouer 2 matches en tant que titulaire (1 but). Toutes les compétitions dans lesquelles j’ai évolué avec la Côte d’Ivoire, j’ai toujours répondu présent, que ce soit la CAN ou la Coupe du Monde au Brésil. Et ce sera toujours le cas car j’aime mon pays.
FM : Récemment, on a parlé d’un retour de Hervé Renard avec les Éléphants. Qu’en pensez-vous ?
W.B : Vous savez, représenter et jouer pour mon pays est une véritable fierté. Quel que soit le futur entraîneur, je donnerai toujours le meilleur pour mon pays. Concernant une éventuelle arrivée de Hervé Renard, ce serait avec un grand plaisir s’il revenait aux affaires. C’est un vrai meneur d’hommes, très compétent et qui connait super bien l’Afrique. On parle aussi de Guus Hiddink qui est également un coach avec un CV important. C’est un vrai meneur d’hommes. Ce qui est sûr, c’est que peu importe le coach, nous devons avoir des objectifs élevés car ce groupe possède de réelles qualités.
Wilfried Bony : « Je vis très mal ma situation à Stoke City »