Selon Théodore Gnagna Zadi, "Yodé et Siro sont entrés au panthéon des grands artistes engagés" après leur condamnation par le procureur de la République.
La condamnation de Yodé et Siro à une lourde peine ce jour pour outrage à Magistrat et trouble à l’ordre public pour avoir chanté haut ce que de nombreux Ivoiriens pensent bas, est une grande première dans notre pays.
Ce procès inédit marque un tour de vis supplémentaire des pouvoirs publics contre la liberté d’expression, de création artistique et littéraire (art 19 à 24 de la Constitution). Pourtant depuis 1996 ces deux artistes n’ont jamais dérogé à leur ligne de conduite d’artistes engagés. Tous les pouvoirs qui se sont succédés dans ce pays n’ont pas échappé à leurs critiques acerbes.
C’est cette constance qui justifie leur popularité ainsi que la mobilisation des Ivoiriens autour d’eux. Yodé et Siro aujourd’hui plus qu’hier, viennent d’entrer au panthéon des grands artistes engagés qui ont marqué leur temps par des prises de position courageuse à travers les siècles.
Ils sont désormais de la lignée des Myriam Makeba, des Bob Marley, des grands écrivains et poètes comme Jean Paul Sartre, des Zola, des Hugo et j’en passe. Yodé et Siro ont été condamnés pour avoir pris position dans les luttes sociales et politiques de leur temps, ou encore, comme le dit fort à propos Victor Hugo, pour avoir « montré du doigt la rive à ceux qu’une voile traîne sur le flot noir par les vents agités » car » DIEU PARLE à voix basse à leurs âmes ».
Les artistes sont des messagers de DIEU, ils construisent par leurs œuvres. Leur désir réel n’est pas de détruire mais de réconcilier, leur passion pour la PATRIE peut parfois les conduire à utiliser des termes durs mais sans plus.
C’est cette réalité qui transparaît dans le dernier album héritage des deux artistes. Ils aiment leur pays et ils veulent le voir en paix et réconcilié. La vision de Yodé et Siro se retrouve dans ces vers du poète ivoirien, trop tôt disparu, Joachim Bohui Dali « ce que je chante là n’est pas un feu de brousse mais un feu du cœur. Ce que je chante là n’est pas incendie mais flamme de vie ».
Oui Yodé et Siro chante pour la paix et la concorde dans le pays, ils ne chantent pas pour inviter à la guerre ou à la révolte contrairement au réquisitoire du Procureur. En définitive, notre pays aurait pu faire l’économie d’un tel procès.
« Yodé et Siro viennent d’entrer au panthéon des grands artistes engagés » - Photo à titre d'illustration