Au Zimbabwe, après une semaine électorale tendue, le pays enterre ses morts. Samedi, plusieurs victimes de la répression ont été enterrées. Mercredi l'armée a réprimé une manifestation de l'opposition en tirant à balle réelle, tuant au moins 6 personnes et en blessant plusieurs dizaines d'autres.
Les funérailles de Sylvia Maphosa ont rassemblé plusieurs centaines de personnes. Cette femme de 53 ans, tuée d'une balle dans le dos tirée par l'armée, est devenue symbole de cette violence aveugle.
Selon sa famille, elle ne faisait que rentrer chez elle : « Elle était innocente. Elle ne faisait même pas de politique. Elle ne participait pas à la manifestation, elle rentrait chez elle. Les soldats leur avaient ordonné de fermer les bureaux et de partir. Et alors qu'elle rentrait en courant, elle a pris une balle. »
Cinq autres personnes ont également succombé lors de cette manifestation. Dans la foule, pas de colère, mais surtout de la consternation. En quelques jours le pays a basculé de l'espoir suscité par les élections, explique un ami de la famille, à une violence qui rappelle les années du régime Mugabe. « Tout le monde, tout le pays est perturbé, quelque chose doit changer pour corriger ce qu'il s'est passé. Beaucoup de gens pensent que tout ce qui a été fait ou que l'on comptait faire pour ce pays s'est tout à coup écroulé. »
La société civile demande une enquête sur les abus de l'armée, dont elle dénonce l'utilisation excessive de la force.
Pourquoi l'armée est-elle intervenue ? Qui en a autorisé son déploiement et pourquoi a-t-elle utilisé des balles réelles ? Le chef de l'Etat a promis une enquête indépendante.
Zimbabwe: le pays enterre ses victimes de la répression - Photo à titre d'illustration