Les sexualités masculine et féminine, pas si différentes que ça ? Oui, affirme notre experte sexo Sophie Bramly. Au lit aussi, l'égalité entre les sexes gagne du terrain. Adieu archaïsmes et idées reçues, bonjour libido pour tous.
Dans cette époque formidable qui est la nôtre, nous jonglons sans cesse entre tous les différents moyens qui nous sont offerts pour vivre sans avoir à souffrir de nos émotions (psychanalyse, médicaments, alicaments, coaches, etc.) tout en cherchant à ne pas totalement s'affranchir d'elles : il faut pouvoir garder les meilleures.
Dans ce contexte, beaucoup de scientifiques étudient les liens entre apparences des émotions et émotions (on sait par exemple que les personnes qui ont eu des opérations de chirurgie faciale vivent des émotions – rires ou larmes – moins fortes que les autres, le visage étant moins expressif), ou vocabulaire et émotions (les mots sucrés de l'amour rendent la vie plus douce, l'état amoureux peut « modifier le circuit du goût dans le cerveau et exacerber la sensibilité au sucre »*), l'émotion circulant dans le corps comme l'électricité sur un fil.
Sans surprise, les relations qu'entretiennent la sexualité avec les émotions sont finement tissées. Elles sont aussi pleines de (bonnes) surprises. Un journaliste américain, Daniel Bergner, a récemment compilé dans un livre, What do women want ? Adventures in the science of female desire (Que veulent les femmes ? Aventures dans la science du désir féminin) des études de différents sexologues qui mettent en évidence ce qui ne pouvait s'énoncer encore, jusqu'à il y a peu : les femmes ne cherchent pas à avoir des rapports sexuels pour satisfaire leurs émotions et un besoin de sécurité mais elles veulent le sexe pour le plaisir du sexe, leur libido n'est pas différente de celle des hommes.
Si nos changements de culture autorisent maintenant à voir là aussi une forme d'égalité entre genres, le désir féminin se manifeste aujourd'hui de façon différente. Si les femmes veulent des rapports sexuels, elles ne veulent pas donner l'impression de demander, ou de paraître « faciles » (les archaïsmes ont la peau dure) tandis que les hommes sont intimidés et n'auraient en réalité pas confiance en eux. Les générations X et Y ne font guère mieux que les précédentes à penser généralement que c'est encore à l'homme de faire les premiers pas, mais fort heureusement ils se tournent de plus en plus vers les exemples homosexuels pour apprendre à s'affranchir doucement des idées reçues.
Ce qui ressort du livre est l'impression générale que les hommes commencent à pouvoir entendre que le désir féminin est au moins aussi intense que le leur (ce qui était manifeste avant l'invention de l'agriculture, mais s'est perdu ensuite avec la nécessité des hommes de transmettre leurs terres à leurs fils). C'est l'insécurité masculine, la force de leurs fragiles émotions, qui les tient à l'écart de ce qu'ils cherchent tant : une partenaire qui ne juge pas leurs performances mais se réjouit encore et encore de la chimie magique qu'il peut y avoir entre deux corps.
Bonne nouvelle : c'est précisément ce que cherchent les femmes aujourd'hui, des hommes qui se conduisent partout en partenaire, dans la sphère sociale comme dans la vie privée.
On n'arrête pas le progrès, mais la communication est encore lente...
Les femmes aussi veulent le sexe pour le plaisir du sexe - Photo à titre d'illustration