Une adolescente a été reconnue coupable de proxénétisme mercredi, au Canada. Pendant des mois, elle a piégé, battu, drogué, menacé et forcé des jeunes filles à se prostituer. Elle avait 15 ans au moment des faits.
Entre avril et juin 2012, l’adolescente d’aujourd’hui 17 ans a agi grâce à un procédé bien rôdé. C’est par l’intermédiaire de Facebook que la jeune fille et deux de ses amies, attiraient leurs victimes. Après avoir sympathisé avec ces inconnues, les trois complices les invitaient dans un pavillon de la banlieue d’Ottawa pour leur faire consommer de l’alcool et des médicaments. Certaines de leurs neuf victimes, âgées de 13 à 17 ans, ont été battues, dépouillées, dénudées, et forcées à poser pour des clichés pornographiques. Les images étaient envoyées à une douzaine d’hommes avec qui trois des filles ont été contraintes par le chantage à avoir des rapports sexuels tarifés, raconte le «Globe and Mail.» Les agissements des trois Canadiennes ont pris fin en juin 2012, lorsque les autorités sont alertées par la mère de l’une de leur souffre-douleur.
Après 9 mois d’un procès inédit dans l’histoire judiciaire du Canada, la chef présumée de ce trafic, âgée de 15 ans au moment des faits, a été reconnue coupable mercredi, de 27 des 33 charges retenues contre elle, dont proxénétisme, trafic d’être humains, agressions sexuelles, séquestration, menace, fabrication de pornographie infantile. Le procureur de la Couronne a demandé une peine pour adulte pour l’adolescente. Si la réquisition est suivie, elle encourt jusqu’à 14 ans de prison selon Radio Canada. Avant que sa peine soit déterminée, l’adolescente devra subir un examen psychiatrique.
Ses deux acolytes, qui avaient plaidé coupables en septembre dernier, étaient mises en cause pour avoir drogué, battu et contraint les jeunes victimes à avoir des relations sexuelles avec des hommes adultes contre rémunération. La plus jeune des accusées a été condamnée la semaine dernière à 3 ans d’emprisonnement, peine maximale pour les mineurs. La troisième coupable, âgée de 16 ans en 2012, attend toujours d’être fixée sur son sort. La juge Diane Lahaie avait rejeté la recommandation de peine d’un an pour cette dernière, la jugeant trop clémente.
“Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si affreux”
A la sortie du palais de justice d’Ottawa, la mère d’une des victimes a pris la parole pour remercier les efforts de la justice et des forces de police. «Ma fille est mon héroïne, a-t-elle martelé. Je n’ai pas pu la protéger, mais elle survivra parce qu’elle a raconté son histoire.» Avant la fin du procès, elle n’avait aucune idée des sévices endurés par sa fille de 13 ans. Lorsque son enfant était vendue à des hommes, elle croyait qu’elle passait la nuit chez l’une de ses copines. «C’est un cauchemar pour moi parce que je ne m’attendais pas à ce que ce soit si affreux», explique-t-elle aux journalistes, avant d’ajouter quelques mots de conseils en direction des parents. «Ne faites pas confiance à vos enfants. C’est triste, mais sachez toujours où vos enfants se trouvent (…) qui ils fréquentent. Et si vous avez le moindre doute, suivez votre instinct, parce que moi, je vais devoir vivre avec cette culpabilité encore longtemps».
A 15 ans, elle dirigeait un réseau de prostitution. - Photo à titre d'illustration