D'un coup de trompe, un éléphant qui s'était échappé de son enclos avait tué un octogénaire sur la place d'un village de Seine-et-Marne qui accueille les tombes de grands noms du cirque: son propriétaire est jugé lundi.
Max Aucante, 59 ans, propriétaire du cirque de l'Europe, doit comparaître libre devant le tribunal correctionnel de Meaux pour «homicide involontaire» et «exploitation irrégulière d'établissement détenant des animaux non-domestiques», et encourt, en théorie, une peine de trois ans de prison.
L'accident, rarissime, s'est déroulé le 8 septembre à Lizy-sur-Ourcq, petite commune de 3.600 habitants célèbre dans le monde des chapiteaux car son cimetière accueille le tombeau de la famille Bouglione et d'autres tombes de grands noms du cirque.Cet après-midi là, l'éléphant vient de regagner son enclos en plein air après un numéro de cirque sur une place gazonnée, lorsqu'il saisit une bâche avec sa trompe pour la poser sur la clôture électrique qui l'empêchait de s'enfuir.
Le pachyderme franchit ensuite une seconde enceinte formée de barrières et de remorques, avant de se diriger vers un arbre. C'est alors que d'un coup de trompe, il fauche le vieil homme, âgé de 84 ans, qui jouait à la pétanque. Projeté au sol et blessé, l'octogénaire est héliporté et hospitalisé au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), où il décède.
Une plainte avait été déposée par le frère de la victime, puis une enquête ouverte pour déterminer si toutes les mesures de protection nécessaires avaient été prises.La mairie de Lizy-sur-Ourcq avait assuré pour sa part qu'il s'agissait d'un «cirque privé installé dans de parfaites conditions de sécurité».
Après cet accident exceptionnel en France, les défenseurs des animaux, dont certains ont fait de la protection des bêtes de cirque leur cheval de bataille, avaient donné de la voix.De longue date, plusieurs associations, très actives sur internet, dénonçaient les conditions de vie de cet animal, qu'elles baptisent Tania et que le propriétaire du cirque fait tourner dans toute la France.
One Voice assure ainsi surveiller l'éléphante depuis 2003 après avoir reçu un témoignage selon lequel un dresseur l'avait rouée de coups car elle avait «refusé de se coucher et de faire la morte lors d'un spectacle». Cette association avait déjà, à l'époque, déposé plainte, restée toutefois sans suite.
Affirmant que le pachyderme est «victime de mauvais traitements», elle réclamait qu'il «sorte du cirque» pour être envoyé «dans un sanctuaire d'Afrique du Sud».De son côté, l'association Peta s'était saisie de l'accident pour demander l'interdiction de «tous les animaux sauvages dans les cirques itinérants», jugés «dangereux pour les personnes» et infernaux pour les bêtes.
(afp/Le Matin)
Jugé pour le crime de son éléphant - Photo à titre d'illustration