La panne qu\'a connu Google dans la nuit de vendredi à samedi a eu un impact sur la fréquentation de certains sites web, mais pas au point d\'entraîner une chute brutale du trafic mondial.
L\'information a fait le tour des sites d\'actualité du monde entier ce week-end, et continue à se répandre: une panne des services de Google de 01h37 à 01h48 du matin dans la nuit de vendredi à samedi aurait entraîné une chute de 40% du trafic sur Internet au niveau mondial. Mais l\'information, aussi sensationnelle soit-elle, est fausse.
Tout est parti d\'un post de blog de GoSquared, société anglaise spécialisée dans la mesure du trafic web, intitulé «la panne de Google a entraîné une baisse de 40% du trafic global». La société affirme que l\'incident technique «a eu un effet incroyable sur le nombre de pages vues mesurées par les outils en temps réel de GoSquared - une chute d\'environ 40%». Est-ce suffisant pour dire que le trafic mondial a baissé dans les mêmes proportions? Non, explique Pierre Col, blogueur pour le site spécialisé ZDnet et directeur marketing de la société Antidot, qui a été l\'un des premiers en France à mettre en garde contre cette information erronée.
Confusion entre Web et Internet
Premier biais, GoSquared parle du trafic sur le web, et non sur Internet, qui sont deux choses différentes. «Le web fait partie d\'Internet, mais l\'Internet comporte aussi d\'autres protocoles comme les transferts d\'emails, les transferts de fichiers par FTP ou peer-to-peer, le streaming, la voix sur IP, certaines applications mobiles ....», souligne au Figaro Pierre Col. Faire la confusion entre baisse du trafic web et baisse du trafic Internet reviendrait à dire que la vente des fruits et légumes a baissé de 40% dans le monde, alors que seule la vente des tomates est concernée par une telle baisse.
Second biais, GoSquared n\'analyse que le trafic des sites de ses 30.000 clients. «Sur leur base clients, essentiellement anglo-saxons, il y a eu une baisse de 40% des pages vues. Mais est-ce représentatif du trafic mondial? Je n\'ai pas de données, mais je doute que le web asiatique, où Google n\'est pas dominant, ait été impacté dans les mêmes proportions par la panne», poursuit Pierre Col. Pour reprendre notre métaphore, une baisse de 40% de la vente des tomates en France ne signifie pas que la vente des tomates dans le monde entier a baissé dans les mêmes proportions.
Néanmoins, les données de GoSquared sont une illustration de la dépendance de plus en plus grande des sites Internet occidentaux vis-à-vis de Google. «De moins en moins de gens écrivent l\'adresse complète du site qu\'ils souhaitent consulter, comme www.lefigaro.fr, dans la barre d\'URL. Ils se contentent de mettre «figaro», et leur barre d\'URL, intelligente, va faire directement la recherche. Ce type de service passe souvent par Google. Il suffit que Google soit en panne pour que ça ne marche plus. Tapez «Figaro» dans la barre d\'URL, et il ne se passera rien. Alors qu\'en tapant www.lefigaro.fr, le site s\'afficherait normalement», explique Pierre Col. De quoi entraîner de belles pertes d\'audience pour les sites concernés. Mais pas au point d\'affirmer que l\'ensemble de l\'Internet mondial a été fortement touché.
Le trafic Internet n'a pas plongé de 40% à cause de Google - Photo à titre d'illustration