Bientôt un quart de siècle que Félix Houphouët-Boigny, le premier président ivoirien, est décédé. Que sont devenus ses nombreux biens (argent, immobiliers…) à travers le monde ? Jeune Afrique, dans sa dernière édition, apporte une lumière sur le sujet.
Le 11 rue Masseran a une allure anodine. La porte grise est belle, et les murs de pierres blanches sont hauts, mais rien ne le distingue vraiment de ces chics hôtels particuliers qui fleurissent dans le 7ème arrondissement de Paris. Il se cache pourtant là une demeure qui a vu passer Cocteau, Picasso et les Rothschild avant de devenir le lieu de villégiature préféré de Félix Houphouët-Boigny dans la capitale française. C’est là que, malade, le président ivoirien passera ses derniers mois avant de rejoindre une clinique suisse, puis Yamoussoukro. Dès sa mort, le 7 décembre 1993, la lutte pour sa succession politique déchirera la Côte d’Ivoire, tandis que la bataille pour son héritage financier fera exploser sa famille.
Au milieu de dizaines d’appartements en France, de tableaux de maîtres et de comptes bancaires en Suisse, Masseran ne représente qu’une petite partie de la fortune du défunt président, estimée entre 4 et 7 milliards d’euros, selon les avocats des différentes parties. Houphouët était l’un des chefs d’État les plus riches du monde, mais la fortune s’est évaporée. C’est en tout cas ce qu’affirment Marie-Thérèse, la veuve du dirigeant, et Hélène, l’une de ses filles. En France et en Côte d’Ivoire, de nombreuses plaintes et assignations ont été déposées ces dix dernières années par leurs avocats contre le premier cercle du président. Notaires louches, intermédiaires compromis, documents douteux, le tout sur fond de haines familiales… L’affaire a les accents d’un thriller politique. Ce n’est qu’un an après la mort de son époux que Marie-Thérèse Houphouët-Boigny se préoccupe de l’héritage financier. Mais, lorsqu’elle se présente à la banque suisse UBS, les coffres sont vides.
Marie, la fille du président, est déjà passée par là, affirmera des années plus tard l’avocat de la veuve. Trois testaments, datés de juillet 1970 et écrits par la main d’Houphouët-Boigny, ont semble-t-il été ignorés. « Marie-Thérèse et les premiers enfants d’Houphouët se sont toujours détestés », reconnaît un ancien compagnon du chef d’État...
Image utilisée à titre d'illustration