Le Professeur Alpha Condé, 75 ans, Chef de l’Etat de la république de Guinée était la semaine écoulée, l’invité du débat hebdomadaire de la radio BBC.
Le samedi 05 octobre 2013, entre 10h et 11h, Alpha Condé a répondu aux questions des journalistes de cette radio. Plusieurs sujets liés à la vie de la Guinée et à l’actualité internationale ont servi de menu au débat.
Aux réprimandes qui lui sont faites sur la situation socio-économique et même politique peu reluisante de sa Guinée natale, le Chef de l’Etat Guinéen n’a pas eu d’autres explications que ceci : « En 3 ans, voulez-vous que je transforme la Guinée ? Ecoutez madame, la Guinée est indépendante depuis plus de 50 ans. Ce qui n’a pas été fait en un demi siècle, ne me demandez pas de le faire en 3ans. D’être comme Jésus qui multiplie les pains… ».
Quand la journaliste brandit le concept de la mondialisation, Apha Condé, réplique par cette image : « Pourquoi voulez-vous qu’un Africain de 2 ans marche comme un Allemand de 20 ans ? » Lorsque le journaliste aborde la question de la cour pénale internationale (Cpi) face à certaines ‘’conspirations’’ qui auraient lieu en ce moment à l’Union africaine, celui qui est né le 4 mars 1938 à Boké en basse Guinée, n’hésite pas à taper dans le talon d’Achille de la plus grande et puissante juridiction mondiale en matière de génocides et crimes contre l’humanité. « Nous avons une cpi borgne. On ne voit que l’Afrique. Tous les africains sont excédés…Pourquoi c’est seulement les Chefs d’Etat africains qui sont poursuivis ? Le cas du Kenya, les populations se sont réconciliées, les deux personnes également, et mieux, elles gouvernent ensemble, pourquoi condamner, que recherche la cpi ? Que veut-elle ? », s’est interrogé le Professeur de Droit. Poursuivant et sur le même sujet, Alpha Condé a jugé inconcevable le ‘’pilonnement’’ de la Lybie par les forces militaires ''des dieux de la terre'' . « Ce qui s’est passé en Lybie est inadmissible. Les Africains doivent prendre leur destin en main. Il faut que les africains règlent eux-mêmes leurs problèmes », a fait remarquer le président du Rpg (Parti au pouvoir en Guinée).
Le septuagénaire a conclu en réitérant cet appel à ses collègues chefs d’Etats africains : « J’ai dit à Durban, aux chefs d’Etat, que nous sommes assis sur des bombes. Si nous ne réglons pas le problème du chômage des jeunes, cette bombe va nous faire sauter », a-t-il dit.
Jean-François YAPI
A deux jours de l’audience de Laurent Gbagbo à la Haye: Un chef d’Etat africain assène ses vérités à la Cpi - Photo à titre d'illustration