Le souvenir de l’affaire des écoutes téléphoniques entre Soro/Bassolé et Général Bakayoko/Général Diendéré est encore frais aussi bien dans l’esprit des Ivoiriens que des Burkinabés qu’un autre scandale vient écorner l’image de la Côte d’Ivoire.
Cette fois-ci l’histoire se passe au Gabon. Un Ivoirien, proche du président Alassane Ouattara aurait apporté « son expertise » au candidat à la présidentielle Jean Ping pour contester les résultats de la Commission électorale par des moyens peu catholiques.
Après la présidentielle de samedi dernier, le pays est dans l’attente, la peur au ventre. Les résultats que peinent à donner la Commission électorale nationale et permanente (Cenap) ajoute au stress des populations.
Cette peur a été alimentée, au lendemain des élections par les auto-proclamations de victoire des deux challengers, le président sortant Ali Bongo et le candidat de l’opposition Jean Ping
Ingérence électronique
C’est alors que la nouvelle tombe. Le Gouvernement gabonais accuse alors une cellule de cybercriminels ivoiriens d’avoir conçu une application pirate “pour porter atteinte à la sûreté de l’Etat’’.
Ces hackers ont été introduits au Gabon pour diffuser de faux procès verbaux et pirater des données gouvernementales.
Yeo Siwifowa, le présumé cerveau est en effet entré dans le pays avec son équipe peu avant le démarrage de la campagne électorale, selon le gouvernement.
Cette histoire est loin d’être tirée au clair lorsqu’apparait une bande sonore qui est une conversation téléphonique. Dans cet enregistrement, une voix conseille à l'autre de faire démissionner trois membres de la CENAP pour semer la pagaille, à l'approche des résultats de la présidentielle.
Ce serait Mamadi Diané, conseillé spécial du président Alassane Ouattara qui donnerait des instructions au candidat de l'opposition, Jean Ping, alors que la Cenap devait proclamer les premiers résultats mardi.
Ci-dessous la conversation des deux hommes qui n'a duré que quelques secondes:
Mamadi Diané : – « Mon frère, comment va ? »
Jean Ping : – « Oui, j’ai reçu le papier, on va l’envoyer »
MD : – « Non, non, il y a autre chose, plus important. Il faut que tu réussisses à avoir deux ou trois personnes de la commission électorale qui disent qu’il y a trop de tripatouillages et qui démissionnent »
JP : – « Oui… »
MD : – « Tu comprends, ça va mettre la pagaille totale. Si on peut faire ça ce soir (lundi, veille de la proclamation des résultats, ndlr), ça va être extraordinaire »
JP : – « OK, merci. »
Selon Alain-Claude Billie By Nzé, le ministre gabonais de la communication et porte-parole du candidat Ali Bongo Ondimba, qui a dénoncé l’ingérence de puissances étrangères et de certains pays africains dans le processus électoral gabonais, c’est M. Diané qui est à la base de tous ces problèmes.
La Présidence ivoirienne n'a ni infirmé ni confirmé l'information mais a déjà mis fin aux fonctions du conseiller pour son ingérence qu’elle condamne, réaffirmant sa ferme volonté de tout mettre en œuvre pour continuer à préserver les liens d'amitié et de fraternité qui ont toujours existé entre les deux pays.
Même si le pouvoir d’Abidjan n’a pas réagit avec la même promptitude que lors des écoutes Soro/Bassolé, il s’agit d’une décision salutaire qui ne redore en rien l’image de la Côte d’Ivoire qui est déjà entachée depuis l’affaire des écoutes au Burkina Faso.
Fait intriguant, toutes les personnes impliquées dans ces scandales sont de « très » proches collaborateurs du Président Alassane Ouattara. Alors sont-elles de simples émissaires ou prennent-elles délibérément l’initiative d’apporter leur expertise en matière de déstabilisation ou de fraude électorale.
Ahopol
Photo:DR / Jean Ping et Ali Bongo