Les enseignants grévistes de la Coalition secteur Education/Formation de Côte d'Ivoire (Cosefci) ont repris le chemin des classes, le lundi 25 mars 2019. Cela, après deux mois de mouvement (du 22 janvier au 22 mars 2019).
Pendant ce temps, il y a eu cours dans les établissements, en dents de scie. De fait, dans les deux premières semaines, la paralysie était partielle dans le secondaire. Par la suite, l'Intersyndicale de l'enseignement préscolaire et primaire de Côte d'Ivoire (Iseppci), forte d'une quinzaine de syndicats, a lancé sa grève. Dans la même veine, le Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d'Ivoire (Synesci) a mis en branle un mouvement. La première structure a fait deux semaines de grève, et la seconde, 72 heures. La paralysie était alors totale, de la mi-février à début mars. Dans le privé, même si ici ou ailleurs, des élèves délogeaient leurs camarades, des cours se faisaient. Même l'appel à la reprise de l'Iseppci, le 3 mars, après avoir obtenu du gouvernement un calendrier de discussion, n'a pas été entendu. Il a fallu attendre, le lundi 11 mars, pour que timidement, les cours reprennent. Mais pas dans tous les établissements, puisque la Cosefci était toujours en grève.
Aujourd'hui, on se retrouve donc avec certains élèves qui ont perdu deux (2) mois de cours, d'autres un (1), un peu plus ou deux (2) à trois (3) semaines. Soit un rythme en dents de scie. Dans le privé comme dans le public, aucun établissement ne peut se targuer d'avoir terminé les onze semaines, soit 330 heures de cours, dans le deuxième trimestre qui a démarré en décembre pour se terminer, en ce mois de mars. Ce trimestre est pratiquement ''mort''. Il y a donc des heures de cours à rattraper.
La difficile équation que doit résoudre la ministre de l'Education nationale, de l'enseignement technique et de la formation professionnelle, Kandia Camara, est de voir quel est le calendrier scolaire adéquat qui devrait prendre en compte tous les enseignements perdus. Le mieux serait de rallonger l'année scolaire de deux mois, avec le risque de compromettre la rentrée scolaire 2019-2020, et de faire face à des coûts supplémentaires. Ou, à tout le moins, il faut que des efforts soient faits par les enseignants pour que les élèves entrent pleinement dans leur droit.
Le problème reste entier, pourquoi le gouvernement doit agir vite
La Coalition secteur Education/Formation de Côte d'Ivoire (Cosefci) a suspendu, le samedi 23 mars 2019, la grève entamée, le 22 janvier 2019. Cela, après avoir eu les assurances du gouvernement (6 ministres), le mardi 19 mars 2019, de créer un cadre de discussion chapeauté par la Primature, pour examiner les revendications, de libérer les six (6) enseignants grévistes emprisonnés, et de dégeler les comptes si les cours reprennent, le lundi 25 mars 2019.
Les enseignants avaient demandé que le gouvernement donne des signes allant dans le sens de l'apaisement, avant la tenue de l'Assemblée générale, samedi dernier. Les grévistes en prison ont alors été libérés, mercredi soir. Par la suite, l'Ag a donné un mois au gouvernement pour trouver des solutions aux revendications. Cependant, comme moyen de pression, elle retient les notes.
A voir de plus près ce qui s'est passé, on se rend bien compte que le gouvernement est resté campé sur sa position rejetée par les grévistes, depuis début mars, à savoir que la grève soit suspendue avant le début des négociations. Avec la seule variante que selon Pacôme Attaby, porte-parole de la Cosefci, les parents d'élèves, la Médiature, des organisations de la société civile ont approché sa structure pour lui demander de mettre balle à terre.
En d'autres termes, si chaque partie n'était pas intransigeante, la décrispation actuelle aurait pu être observée, depuis près d'un mois. Et on n'aurait pas perdu deux mois de cours, pour rien, puisque le problème des enseignants reste entier parce qu'aucun des points de revendication qui ont conduit à la grève, n'a été réglé. Il s'agit de :la revalorisation des indemnités de logement des instituteurs (de 40 000 à 120 000 f) et professeurs du secondaire (de 50 000 à 180 000 f); la suppression des cours de mercredi matin dans le primaire ; le relèvement au double de toutes les primes liées aux examens scolaires en Côte d’Ivoire, et la rémunération de la surveillance de ces examens ; le paiement des cinq cent mille (500 000) francs Cfa par enseignant ex-contractuel, au titre de ses émoluments non perçus de janvier 2014 à mai 2014, l’intégration à la fonction publique des quatre-vingt-dix-sept d’entre eux radiés en 2014 pour fait de grève, et la suppression de l’emploi d’Instituteur adjoint.
Mais maintenant que tous les élèves ont repris le chemin de l'école, il conviendrait que le cadre de discussion soit vite mis en place, pour que les échanges démarrent, afin que déjà, la rétention des notes soit également suspendue. Parce que c'est bien difficile d'aller à l'école sans savoir si l'on évolue ou régresse. '' Comment peut-on savoir si on a bien compris une leçon ou pas si on ne nous remet pas nos notes d'évaluation ?'', nous a demandé un élève, en classe d'examen. S'il se pose cette question, il est clair que beaucoup d'autres s'interrogent également. Et quand on sait que les années précédentes, il y a avait eu des manifestations pour réclamer les notes dans des situations similaires, lorsqu'elles avaient été retenues, il vaudrait mieux anticiper. Et la seule chose à faire, à présent, c'est de commencer à éplucher le cahier de revendications, le plus rapidement possible, avec des personnes ressources. Car, si la Cosefci avait refusé le cadre qui avait été mis en place, à la mi-février par le ministère de l'Education nationale, c'est bien parce qu'elle a estimé que les représentants de l’État n'étaient pas proches des premiers cercles de prise de décision. Il faudrait, à tout prix, éviter une autre grève qui rapprocherait le système éducatif d'une année blanche.
'' Mon fils est toujours le premier de sa classe, depuis qu'il est au Cp1. Il est en classe d'examen, cette année. Pour rien au monde, je n'accepterais qu'il reprenne son année. Que les parties s'accordent'', nous a confié un parent d'élève inquiet. Que ce cri du coeur pèse lourd dans la balance de chacune des parties.
Dominique FADEGNON
Après la suspension de la grève, la difficile équation que doit résoudre Kandia : Pourquoi le gouvernement doit agir vite