Après les attaques: Sur les traces des assaillants d'Agboville

  • 31/10/2013
  • Source : L'Inter
Agboville continue de subir des attaques armées. La dernière a eu lieu le mardi 29 octobre, complétant à six(6) le nombre d'attaques survenues en 14 mois, entre le 08 août 2012 et le 29 octobre 2013, dans cinq localités du département, pour un bilan de quatre éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire tués et deux blessés.

La dernière attaque a eu lieu dans le village d'Ananguié, où les éléments présents au poste d'observation ont été arrosés par une décharge de calibre 12. Si le soldat Bamba Siaba a été atteint au thorax, pendant qu'il se trouvait dans une position assise, donnant dos à la broussaille d'où est partie la décharge, son collègue Coulibaly Nawa a, lui, eu plus de chance, puisque légèrement blessé au genou.
 
Qui sont ceux qui tirent à Agboville, et pour quelles raisons ? Pour l'attaque de mardi dernier, plusieurs sources accusent le dénommé Cedji N'Dri, un jeune homme de 21 ans. Dans la nuit de mardi, il est arrivé au Chr (Centre hospitalier régional) d'Agboville avec une balle de kalachnikov dans le dos et sérieusement amoché.
 
Aussitôt suspecté, le jeune homme donne des explications contradictoires sur son emploi du temps de la journée. Même, celui qui l'accompagne, a du mal à justifier le lieu exact où le jeune Cédji a reçu la balle. « C'est dans la débandade, en brousse, que j'ai pris une balle », explique le suspect, pour justifier le corps étranger dans son organisme. L'itinéraire suivi depuis sa blessure jusqu'à son arrivée au Chr est tout aussi intrigant.
 
En effet, selon le préfet de région, Bako Privat qui donne l'information, le jeune homme a été pris en charge depuis une plantation de tecks, à trois km du village. Transporté sur une moto, il arrive à Offoum'po, à une quinzaine de km d'Agboville. Là, il emprunte un taxi-brousse, pour arriver à l’hôpital. Mais, cette version ne cadre pas avec la réalité, selon le préfet,  vu que le second élément Frci, qui avait été à peine touché, a eu le temps de libérer une rafale de kalachnikov dans la direction des tirs du calibre 12. Ce serait en ce moment que Cedji aurait reçu la balle. Le suspect a été transporté sous escorte militaire, du Chr d'Agboville à l'hôpital militaire d'Abidjan (HMA), où il lutterait contre la mort. Certains sources l'annoncent même déjà mort.
 
Toujours est-il qu'à Ananguié, il s'agit d'un fils du village qui a pris une balle, pendant que les Frci débarquaient dans le village. De nombreuses personnes affirment que des gens tapis dans l'ombre refusent de voir le département renouer avec la République de Côte d'Ivoire et la paix. « Comment, à chaque fois que l'on annonce un événement important pour le pays ou la région, une attaque survient chez nous. C'est curieux que cela coïncide souvent avec les procès de Gbagbo », faisait remarquer un adjoint du chef de village.
 
Deux jours plus tôt, à Laoguié, un autre village du département, des échanges de tirs ont eu lieu à 6H00 du matin, avec une attaque à la grenade et à la kalachnikov. Ici encore, les populations disent être sceptiques quant à la réalité d'une attaque. « Dix personnes encagoulées qui s'échappent, ça laisse forcément des traces, ne seraient que les branchages cassés dans la broussaille environnante », fait remarquer un notable qui s'est exprimé deux jours après l'attaque. « Des gens qu'on surprend en plein jour, et il n'y a point de blessé, cela m'intrigue », a-t-il ajouté.
 
Sans vouloir émettre de doute sur les assaillants de Laoguié, le village s'est dit surpris de l'attitude « relaxe » des militaires, le lendemain de l'attaque. « C'est à croire qu'ils savent exactement ce qui s'est passé », a ironisé un notable. Le chef Abito Aka plaide, malgré tout, pour que soit déplacé le corridor, situé juste au niveau de l'école primaire. A notre passage, moins d'une vingtaine d'enfants étaient venus à l'école les jours qui ont suivi l'attaque de samedi, sur un effectif de 202 écoliers.
 
Jean Yves BOKA, Région Agnéby-Tiassa