Comment un français est devenu consul de la Côte d'Ivoire à Seclin (Nord de la France)

  • 28/08/2014
  • Source : lavoixdunord.fr
Rue Roger Bouvry à Seclin, le drapeau orange-blanc-vert se remarque de loin. Curiosité dans une ville de 12 000 habitants, la présence d’un consulat, celui de Côte d’Ivoire. Pourquoi choisir Seclin au lieu de Lille, la réponse tient en un nom : Bernard Fontaine.

 L’homme n’était jamais allé en Afrique avant d’être consul de Côte d’Ivoire. C’est encore moins un connaisseur du pays ou un professionnel de la diplomatie. La nomination de l’ancien juge du tribunal de commerce de Lille tient plutôt du hasard. Bénévole – comme tous ses collègues de cette juridiction – il a souvent eu l’occasion d’aider des membres de la communauté ivoirienne.

« Ils m’ont considéré comme un sage et m’ont proposé en tant que consul ». On est en 1996 et le nouveau président ivoirien a promis de créer un consulat honoraire (bénévole) dans le Nord. Implanté à Seclin avec son entreprise de fabrication de lentille de contact, Bernard Fontaine installe tout naturellement son bureau de consul à l’étage : on ne déménage pas si facilement une entreprise. Et cela aurait eu un coût, que personne ne lui remboursait.

Depuis près de trois ans, Bernard Fontaine a pris sa retraite officielle, son entreprise n’existe plus, mais le consul est plus que jamais actif pour sa communauté.

Un consul honoraire qui ne compte pas ses heures
En plus des visas et des divers certificats qu’on lui demande, Bernard Fontaine rend bien des services aux Ivoiriens de France. « Il y a tout un travail social, je suis le trait d’union entre les gens et l’administration. On n’a pas le temps de s’ennuyer, c’est multidisciplinaire cette fonction ».
 
Au fil des années, le Seclinois a appris à connaître la Côte d’Ivoire. Il s’y rend désormais deux à trois fois par an, à ses frais. Avec des relations privilégiées avec le gouvernement et la population. Et quand il faut remplacer l’ambassadeur, le consul est présent. « On me dit souvent que je devrais arrêter, que ça me prend trop de temps. Mais je le fais parce que j’ai envie de le faire. Tant que ça m’intéressera, je continuerai ».
 
Bernard Fontaine, consul et chef de village
Depuis sa retraite, Bernard Fontaine est loin d’être inactif. Il donne tout son temps aux Ivoiriens. Au consulat d’abord, mais aussi à une toute nouvelle activité : il est devenu chef d’une commune en Côte d’Ivoire.
 
Le village de Bénanou, à une demi-journée de voiture d’Abidjan, l’a désigné dans cette fonction pour remplacer l’ancien chef, démissionnaire. « Il y a eu une cérémonie officielle puis on m’a offert un terrain pour que je puisse bâtir ma maison. Je m’occupe des grandes orientations du village : quand il y a une décision importante, je prends l’avion pour m’y rendre ; sinon, il y a un secrétaire sur place ».

Une fonction honorifique pour Bernard Fontaine qui récompense son dévouement pour la communauté ivoirienne.A Bénanou, le consul de Seclin s’est occupé de reconstruire trois classes d’une école primaire, qui avaient été détruites. Il a aussi créé une cantine, qui permet aux 500 élèves de manger sur place à midi, quand certains se privaient de déjeuner : des enfants marchent jusqu’à 10 km chaque jour pour aller à l’école.