On ne peut faire d’omelettes sans casser les œufs, dit l’adage populaire. Qui va certainement s’appliquer avec la construction de l’autoroute Abidjan-Bassam dont les travaux ont déjà bel et bien commencé sur l’axe concerné
Mais qui vont sans doute provoquer des pleurs et des grincements de dents, du côté des riverains du site, surtout après la récente visite que le ministre des Infrastructures économiques a effectuée sur les lieux des travaux.
L’indignation du ministre des Infrastructures économiques
Le ministre des Infrastructures économiques, Patrick Achi, était, en décembre dernier, sur le chantier de Port-Bouët pour voir l’effectivité des travaux qui y ont débuté. En visitant donc le site, il avait, à cette occasion, été outré de constater que les riverains occupent encore, de façon anarchique et "illégale", les environs du chantier.
Et ce, malgré la mesure du déguerpissement qui avait été annoncée et qui concernait tous ceux qui s’étaient installés sur tout le littoral droit, en partant du carrefour "Akwaba", à Port-Bouët. «C’est un domaine public pour lequel l’Etat a un projet important pour le pays. Tous ceux qui sont installés ici, le sont illégalement. On va tout simplement les déguerpir et c’est tout. Mais c’est une décision collégiale qui sera prise avec les ministères, mairies et structures concernés, sous la direction du Premier ministre», avait fait savoir le ministre Achi.
Port-Bouët (place Akwaba), Gonzagueville, Jean- Folly concernés
Ce sont des quartiers populaires comme Jean-Folly, Gonzagueville et autres sous-quartiers précaires bordant le littoral droit de Port-Bouët, qui sont concernés par la mesure de déguerpissement. «Il s’agit de voir ce qu’il y a lieu de faire pendant que l’autoroute se construit, à cause, surtout, des abords qui sont occupés sans qu’aucun plan de lotissement n’ait été fait», avait révélé, en fin de visite sur le chantier, le ministre Patrick Achi. Qui a indiqué qu’à partir du moment où l’Etat a un projet sur ce domaine public, des dispositions devraient être prises pour libérer l’espace de l’encombrement hors-la-loi des riverains.
La fin du désordre
Récupérer de droit et de fait (et toutes affaires cessantes), un domaine public pour y construire une infrastructure économique de haut niveau, telle que l’autoroute Abidjan-Bassam, avec, désormais, une vue panoramique sur l’océan atlantique qui borde nos côtes sud, voilà, de l’avis du ministre Achi, l’un des objectifs majeurs de ce gros-œuvre qui a débuté.
Et qui impose absolument un déguerpissement qui touche des quartiers où foisonnent habitations, restaurants, maquis, églises, stations-service, supermarchés, boutiques, espaces récréatifs, salons de coiffure et de beauté, ateliers de couture, étals et échoppes, magasins, quincailleries, ateliers de vulcanisation et de mécanique, petits marchés, petits commerces, établissements divers.
Pour certains occupants qui détiendraient des papiers d’installation, le ministre Achi a été clair : «Même pour ceux-là, c’est à titre provisoire et c’est bien écrit dans les papiers qu’ils ont», a-t-il signifié. Avant d’en donner les raisons : «Une autoroute doit se construire avec les terre-pleins et le domaine a été réservé pour cela. Nous sommes maintenant dans une situation qu’il faut affronter».
Un problème aussi de protection civile
En parcourant, au cours de sa visite de terrain, le littoral droit de Port-Bouët, le ministre Patrick Achi avait même fait un constat abracadabrant : l’érosion marine qui menace, à chaque instant, les habitations et autres sites de commerces installés sur la berge.
«On se rend aussi compte que la mer menace d’érosion et d’éboulement les habitations qui sont sur ces côtes. Il s’agit, là, d’un problème de protection civile», a-t-il indiqué. Et pour lequel il faut absolument recourir, et au plus vite, aux mesures de déguerpissement qui permettront aux voyageurs et aux touristes d’avoir une pleine vue sur la mer en voyageant allègrement sur la future autoroute en construction.
Des riverains réagissent : « Ça sera dur de déguerpir tout ce monde ! »
«Si on doit vraiment nous déloger de là où nous sommes et vivons depuis des années, il nous faut être forcément dédommagés ou recasés ailleurs. Sinon, où allons-nous partir après ce déguerpissement ? Où allons-nous vivre et faire nos activités ? Vous voyez, vous-mêmes, que ça sera très dur de déguerpir tout ce monde, sans aucune mesure d’accompagnement», se sont plaints des riverains qui ont établi des commerces et des logements sur le site en question.
Pourtant, avait dit le ministre Patrick Achi, le problème est que ce sont les mêmes personnes qui ont été dédommagées et sommées de quitter les lieux, qui reviennent demander des dédommagements, maintenant que les mesures de déguerpissement doivent être appliquées.
SYLVAIN TAKOUE
Construction de l’autoroute Abidjan-Bassam / Le déguerpissement est irréversible : La fin de la grande pagaille ! - Photo à titre d'illustration