Accusé, au sein du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix ( RHDP ) de multiplier des actes attentatoires à l’équilibre et à la cohésion autour d’Amadou Gon Coulibaly, candidat du parti présidentiel à l’élection d’octobre 2020, Albert Mabri Toikeusse est convoqué d’urgence par Alassane Ouattara.
Profondément agacé par les actions d’Albert Mabri Toikeusse, président de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire ( UDPCI), par ailleurs n° 2 du RHDP, qui vont, manifestement contre l’autorité du président du parti, Alassane Ouattara a demandé à Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre, de convoquer, d’urgence, Albert Mabri Toikeusse, afin qu’il clarifie, une fois pour toute, sa position, avons-nous appris, de sources proches du directoire du Rhdp. Cette rencontre pourrait être celle de la rupture entre Mabri et Alassane Ouattara, avec tout ce que l’on peut imaginer comme conséquences. La rencontre aura lieu le jeudi 16 avril 2020, au siège du RHDP, aux deux plateaux, en présence d’Adama Bictogo, Directeur Exécutif du parti RHDP et de Mme Kandia Kamissoko Camara.
Le jeudi 12 mars 2020, Alassane Ouattara, président du RHDP a annoncé au cours d’une réunion du Conseil politique du RHDP, la candidature d’Amadou Gon Coulibaly, à la présidentielle de 2020, pour le compte du parti unifié. Il s’était félicité du « consensus fait autour de son choix », ajoutant qu’après l’avoir côtoyé pendant plus de 30 ans, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly a assez appris pour prétendre diriger un pays. « Je constate que quasiment tous les intervenants ont proposé qu’il soit le candidat du Rhdp. Si moi je devais faire un choix, c’est lui que je choisirais », avait-t-il déclaré. « Que ce soit au plan personnel, professionnel, politique, en mon âme et conscience, Amadou Gon est la personne que je vous délègue pour être le chef d’équipe. Il sera un grand Président » s’est assuré le chef de l’Etat. Puis, il a lancé un appel à la cohésion autour du « cheval » du RHDP. « Une élection se gagne le jour de l’élection. Mais elle se prépare avant. Vous devez maintenant vous déployer à l’intérieur du pays pour expliquer comment ce Conseil politique élargi à toutes les instances du parti s’est déroulé, dans la fraternité, la confiance. Que rien n’a été imposé à qui que ce soit et que c’est le choix des instances du Rhdp, un choix presque unanime », avait-t-il indiqué. Albert Mabri Toikesse avait accusé le coup et est resté marbre. Lorsque toute al salle se tient debout pour acclamer le Gon, le choix de Ouattara, lui, Mabri, est resté assis, pour marquer sa désapprobation.
Jusqu’à ce que Gon Coulibaly le mette dans l’obligation de prendre la parole. Une fois à la tribune, le président de l’UDPCI émet une fâcheuse opinion qui douche tout le monde, à commencer par Alassane Ouattara. Dr Mabri Toikeusse Abdallah avait déclaré : "Je suis un homme de conviction et je préfère dire ce que je pense. Monsieur le Président, vous êtes le fils du Président Félix Houphouët-Boigny, qui nous a enseigné le dialogue. Nous nous appuierons sur le dialogue pour régler nos divergences. Ne prenons pas des engagements d’une heure dans une salle, qui par la suite ne refléteront pas la réalité sur le terrain. Faites donc comme Félix Houphouët-Boigny. Travaillez à nous mettre en équipe." Le ministre ivoirien de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, se démarquait, ainsi du choix du chef de l’État. Après le choix de Gon, Mabri fait un pari sur son avenir politique, au sein ou en dehors du RHDP. Des groupes de soutien annocent sa candidature. Il fait des tournées chez lui à l’ouest, reçoit les chefs traditionnels pour expliquer sa position contre le choix de Gon Coulibaly. Dans son entourage immédiat, on dénonce un « complot » du Rassemblement des républicains ( RDR), une faction du RHDP, dont est issu Amadou Gon Coulibaly. « Le président Alassane Ouattara nous a dit que pour choisir le candidat du RHDP à laprésidentielle de 2020, nous allions recourir à des primaires. Et c’est le meilleur qui allait briguer laprésidentielle. Il a dit qu’il n’y aurait pas de désignation.C’est à notre grande surprise qu’il convoque une réunion du Conseil politique, sans ordre du jour et nous impose Amadou Gon Coulibaly. Nous, à l’UDPCI, ne sommes pas dupes.
C’est un complot du RDR. Nous ne l’accepteront jamais. Nous préférons mourir de faim que d’accepter cette forfaiture du RDR », s’est indigné un très proche de Mabri que nous avons joint ce lundi 13 avril 2020. Selon lui, Albert Mabri Toikesse est dans son droit, le plus absolu, de réclamer la candidature du RHDP. Et pour cause ! « Ils sont quatre à mettre sur pied le RHDP à Paris. Alassane Ouattara ( RDR), Henri Konan Bédié, (PDCI), Anaky Kobena ( MFA) et Albert Mabri Toikesse ( UDPCI). Alassane Ouatttara a renoncé à être candidat en 2020, Henri Konan Bédié et Anaky Kobena ont quitté le RHDP. Légitimement, le candidat du RHDP en 2020 doit être Mabri Toikesse », martèle notre interlocuteur. Ce sont peut-être ces arguments que Mabri va exposer et défendre face à Gon. Aujourd’hui, face à cette conjoncture, les militants de l’UDPCI se préparent à une rupture d’avec le RHDP, pour s’investir, selon eux, de façon pleine et totale, dans la campagne de leur candidat, Albert Mabri Toikesse. Dans cette dynamique, celui-ci a envoyé un dernier message fort à Alassane Ouattara et à Amadou Gon Coulibaly. Il a mis en place une nouvelle Direction de son parti ( son équipe de campagne). Il a purement et simplement radié quatre vice-présidentsainsi que plusieurs cadres de l’UDPCI, en faveur de la candidature d’Amadou Gon Coulibaly à la présidentielle de 2020.
Armand B. DEPEYLA
Crise au sein du Rhdp: Mabri convoqué de toute urgence par Ouattara