Le Directeur de cabinet du Premier Ministre, cadre de la région du Moronou, donne ici son point de vue, sur la question de l’éligibilité et de la nationalité du Président Alassane Ouattara, candidat du RHDP.
Monsieur le Ministre, comment préparez-vous la visite d’Etat du Président de la République, dans la région du Moronou ?
Tout se passe très bien. Nous avons la chance, dans le Moronou d’avoir, pour ainsi dire, une expérience récente, dans l’organisation de tels évènements. En effet, nous avons organisé récemment une journée dite d’hommage et de soutien des populations du Moronou, au Président de la République.
Cette journée qui a vu l’adhésion de toutes les personnalités importantes du Moronou, ainsi que de toutes les forces vives de la Région, a connu un succès indéniable.
Certes, la venue du Président de la République, réclamée par nos parents et en premier lieu les chefs de tribus et de villages (qui à chaque visite d’une autorité gouvernementale dans la région, transmettent une lettre d’invitation) rentre dans un autre cadre, de par son importance et surtout de par l’effervescence qui s’empare déjà de nos parents.
Il n’empêche, je pense que nous sommes prêts à 80% à accueillir l’hôte de marque que nos parents attendent depuis des années. Les réunions du comité d’organisation que rejoignent chaque jour les intelligences de la région, notamment les cadres, se poursuivent avec le même sérieux et le même engouement.
A propos de cadres, que dites-vous de la dernière sortie du Pr Simon-Pierre Ekanza, l’un des cadres de Bongouanou, qui a déclaré que le Président Alassane Ouattara n’est pas éligible, et s’en est pris à sa nationalité, tout en dénonçant le fort taux d’étrangers en Côte d’Ivoire ?
Je n’ai personnellement pas lu les propos du Pr Ekanza. Quand un cadre de la région m’en a parlé, j’ai essayé de le joindre au téléphone, en vain, afin d’en savoir un peu plus.
Je doute fort, au regard de la sagesse qu’on lui connaît jusque-là, et au regard de sa fonction d’historien trempé dans la culture akan faite de pondération, de mesure et de tact ; qu’il ait tenu ce genre de propos. Si tel est le cas, j’en serais très déçu.
Pour le reste, il faut bien que tous ceux qui aujourd’hui encore parlent de l’éligibilité ou de la nationalité du Président Alassane Ouattara sachent qu’ils entretiennent un débat anachronique, vain, inutile et inconséquent.
C’est un débat dont le seul mérite est de traîner les Ivoiriens vers une haine collective dont ils se seraient volontiers passés. Ceux qui tiennent ces propos encore, en 2015 doivent bien comprendre qu’ils se trompent non seulement de combat politique, mais d’époque.
Le Pr Ekanza n’est pas le seul à tenir ce genre de langage. Certains partis politiques et certains candidats déclarés à la présidentielle d’octobre 2015 en ont fait un thème principal de campagne…
Je vous répète : c’est un débat anachronique et obscurantiste. Je ne suis pas historien mais les témoignages dans la région, du passage à Bongouanou, pendant les temps coloniaux, du père du Président Ouattara, sont connus de tous. Ses parents y sont encore et nos anciens nous ont toujours dit que les Ouattara sont de chez nous.
Pour cette raison, nous avons toujours considéré, dans la région, le Président de la République comme un fils légitime du Moronou, à l’instar de la région du N’Zi dont il est natif.
Encore une fois, je dis que c’est un débat que veulent soulever des personnes qui ont sans doute du temps à perdre et qui veulent, par-là, faire perdre du temps aux Ivoiriens et les ramener plusieurs années en arrière. Si certains s’accrochent à ce faux débat, c’est qu’ils n’ont rien de bon à proposer aux Ivoiriens.
L’heure est à la reconstruction de notre pays, par le passé, divisé par ces questions-là et par d’autres dont la vacuité le dispute à l’inconséquence.
Mon message est simple : laissons tomber tous ces faux débats, ces débats inutiles qui ne peuvent engendrer que haine et discorde et donnons-nous la main pour mener ensemble les vrais débats et les vrais combats que sont aujourd’hui (après avoir réussi à rendre notre économie robuste et à obtenir la paix et la sécurité) l’emploi des jeunes, la poursuite des grands travaux préalables à tout développement, la lutte contre la pauvreté, l’éducation de nos enfants, etc.
A tous ceux qui tiennent encore ce genre de propos diviseurs et qui seraient tentés de réveiller les vieux démons de l’ethnicité ou de la nationalité, je dis qu’il est encore temps pour eux d’être habités par la sagesse, à tout le moins par le réalisme.
Le train du développement de la Côte d’Ivoire, conduit par le Président Alassane Ouattara, est en gare à une station, les retardataires qui ont raté le premier départ de 2010 ont encore un peu de temps, pour y sauter, après il sera trop tard pour eux. Parce que ce train du développement ne les attendra pas, et leur absence ne le freinera pas, pour autant.
Propos recueillis par Jules Claver Aka
Photo:Préidence / Le président ivoirien, Alassane Ouattara