Le président Alassane Ouattara maintient mordicus, chaque fois qu'il en a l'occasion, qu'il ne changera pas son gouvernement avant 2015, date des élections générales en Côte d'Ivoire.
Et pour s'en convaincre, il dit toute la satisfaction que lui apporte l'équipe Duncan dans la gestion des affaires de l’État. « Je vous remercie. C’est évident qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Cela veut dire ce que ça veut dire.
Je n’ai pas besoin de faire d’autres ajouts. L’équipe fait du bon travail. Donc, il n’y a pas nécessité de la changer », avait notamment déclaré le chef de l’État au cours de la conférence de presse de clôture de sa visite d’État dans la région des Savanes, répondant à la question d'un journaliste sur les rumeurs annonçant un remaniement.
Ces propos du chef de l’État devraient-ils être pris pour paroles d'évangile ? Pas si sûr, dans la mesure où « la politique est l'art des impossibles », selon le président Henri Konan Bédié. A la vérité, d'intenses tractations sont en cours depuis quelque temps pour la mise en place d'un nouveau gouvernement. Le président Ouattara, à un meeting dans la région du Gbêkê, a lui-même levé un coin du voile sur ce qui se passe dans l'ombre.
« (...) Merci aussi pour le travail important que tu fais au niveau de la Présidence avec les partis politiques, je ne dirai pas de l'opposition, parce que je ne les considère pas comme des opposants, mais comme des frères qui vont nous rejoindre bientôt », avait-il félicité le 11 décembre dernier, le ministre Jeannot Kouadio Ahoussou, chef de la délégation gouvernementale dans le cadre des discussions avec l'opposition.
Si l'on s'en tient aux mots du président de la République à l'endroit de son ancien Premier ministre, il y aura un nouveau gouvernement, avec l'entrée de cadres issus de l'opposition. Mais, selon une source proche de la Présidence, avec qui nous avons échangé, il ne s'agira pas pour le N°1 ivoirien de procéder à un remaniement grandeur nature, qui verra un chamboulement total de l'équipe Duncan.
« Ce sera un léger réaménagement technique avec une ouverture faite à l'opposition. Même si on sait que le FPI ne voudra pas entrer, vu que ce parti pose des conditions à la fois difficiles et complexes, d'autres personnalités membres de l'opposition seraient intéressées par les propositions du chef de l’État », indique notre source, qui note par ailleurs que des ministères jugés trop lourds pourraient être scindés pour faire de la place à d'autres personnes.
C'est le cas, selon des indiscrétions, du ministère des Mines et de l'Industrie, qui pourrait être divisé en deux, offrant ainsi la possibilité à une personnalité d'entrer dans le gouvernement. Des cas similaires seraient à l'étude par des hommes commis par le chef de l’État.
D'autres sources, tout aussi crédibles, notent cependant que l'équipe gouvernementale pourrait être remaniée à fond, avec l'entrée de nouveaux membres qui pourraient hériter de postes déjà existants. Même s'il ne le dit pas ouvertement, le président Ouattara serait en ce moment déçu de certains de ses collaborateurs, qui ne lui auraient pas donné satisfaction, et dont il voudrait se séparer.
D'autres se seraient grillés à jamais par des compromissions sur des marchés de gros sous. D'autres encore ne seraient pas en odeur de sainteté avec les bailleurs de fonds, qui exerceraient une forte pression sur le chef de l’État pour obtenir leur tête. En un mot, des membres du gouvernement actuel devraient céder leur place à de nouveaux entrants. Qui ? Mystère ! Tout compte fait, elles sont nombreuses les personnalités qui font en ce moment du lobbying à outrance, des opérations de charme, ou encore qui consultent assidûment leurs marabouts, dans l'espoir de figurer dans la nouvelle équipe gouvernementale.
Du côté des chapelles politiques, les tractations sont en cours. On apprend que le président du PDCI, Henri Konan Bédié, aurait déjà bouclé sa liste. Au FPI, on ne veut pas entendre parler d'entrée au gouvernement, pour l'heure. «L’alliance entre le FPI et le RDR n’est pas à l’ordre du jour. Les conditions pour travailler avec le parti au pouvoir ne sont pas encore réunies. Il faut lever les obstacles.
Mais si l’intérêt du pays l’exige, toutes les alliances sont possibles », avait déclaré Affi N'guessan sur la radio des Nations Unies. Et Amani N'guessan, un autre cadre du parti à la rose, d'enfoncer le clou :
«Il n'en est rien pour l'instant. Pour le moment, on ne peut pas parler d'une entrée du FPI au gouvernement. Il y a trop de problèmes à régler. On ne fait pas la politique comme cela. Si quelqu'un vous dit cela, c'est que c'est un militant isolé du FPI. Sinon, le bon militant du FPI ne pense pas à entrer au gouvernement pour l'instant ».
Hamadou ZIAO
Gouvernement : La vérité sur le remaniement ministériel. La position du FPI - Photo à titre d'illustration