Le conseiller du Président de la République chargé de la Jeunesse et des Sports et président du comité d’organisation des 4èmes Assises de la jeunesse Mamadou Touré, a accordé une interview à l’IA au cours de laquelle il a dressé un bilan provisoire de cette 4ème édition.
Il a mis à profit cette occasion pour se prononcer sur l’actualité sociopolitique en Côte d’Ivoire marquée par le bicéphalisme au sein du Fpi et les attaques des irréductibles du Pdci contre le Président Alassane Ouattara.
Vous venez d’organiser les assises de la jeunesse. Quel bilan pouvez-vous dresser de cette 4ème édition?
D’abord je vous remercie pour l’opportunité que vous nous donnez de revenir sur ces assises et de faire un bilan. Lorsque nous avons organisé ces assises, nous avions plusieurs objectifs. D’abord la mobilisation des jeunes autour de toutes les activités. A ce niveau, nous sortons satisfaits. Nous avons ciblé 20 000 jeunes pour l’ensemble des activités. Et selon nos statistiques sur l’ensemble des activités y compris le concert, nous sommes à plus de 32 000 jeunes.
En plus de la mobilisation des jeunes, nous nous satisfaisons d’une bonne mobilisation des partenaires, des chambres consulaires, des entreprises, cabinets de recrutements, structures publiques d’aides à l’emploi et grandes écoles. Ce sont au total 34 structures. Elles se sont non seulement mobilisées pour participer à ces assises, mais aussi pour offrir des opportunités de stages, d’emplois et de formations aux jeunes.
Quelles sont les retombées concrètes que ces structures apportent ?
Si je prends seulement 3 d’entre elles c’est-à-dire RMO, la Chambre de commerce libanaise, la Chambre des promoteurs immobiliers de Côte d’Ivoire nous sommes déjà à 1250 emplois qui seront offerts aux jeunes. Très concrètement, RMO a lancé, à l’occasion des assises son projet « 1er emploi » pour les jeunes. Ce projet permettra à 400 jeunes d’avoir un premier emploi avec un contrat et certificat de travail.
En plus de ces 400 personnes, 150 autres ont été recrutés pour des call-center. Ce qui porte le nombre total de jeunes recrutés par RMO à 550. La liste complète sera publiée dans quelques jours. La Chambre de commerce libanaise quant à elle en prendra 400. Cela par du travail journalier pour les jeunes sans diplômes et sans qualifications au travail qualifié pour les jeunes diplômés.
La chambre des promoteurs immobiliers de Côte d’Ivoire offre 300 emplois aux jeunes. Les autres cabinets de recrutement et agences sont en phase de traitement des dossiers reçus lors des assises et nous aurons leurs offres d’ici peu. En plus de ce que ces structures vont faire, Microsoft qui est notre partenaire, va former 2000 jeunes. Cette formation vise à renforcer leur capacité en vue d’améliorer leur employabilité en entreprise.
La SICOGI formera quant à elle 100 commerciaux. Des centaines de stages ont été aussi obtenus pour permettre à des jeunes de valider leurs diplômes ou de faire une première expérience en entreprise. Voici les retombées du « carrefour de l’emploi » organisé à l’occasion de la quatrième édition des assises de la jeunesse.
Ces engagements seront-ils tenus?
Nous avons dépassé le stade de simple engagement puisque les premières listes seront rendues publiques dans quelques jours. Un comité de suivi intégrant ces structures a été mis en place le lundi 30 mars et nous nous sommes donné un mois pour finaliser le traitement des différents dossiers et les rendre publics.
Pourquoi le choix du Palais des Sports pour la 4è édition ?
Cet endroit offrait plus de possibilités en termes de capacité et de sécurité pour accueillir ces milliers de jeunes.
Dans quelles conditions se sont déroulées ces assises ?
S’agissant de l’organisation elle-même, vous savez ce sont les assises nationales de la jeunesse, donc nous avons voulu que le comité d’organisation soit inclusif. Les dix (10) fédérations et réseaux de jeunes de notre pays ont intégré le comité d’organisation. Nous avons vu la participation de toutes les organisations de jeunesses politiques de notre pays, qu’ils soient de l’opposition, je veux parler de la JPit, de la JFpi, du Cojep, de la JRpp, ou proche du pouvoir à savoir la jeunesse du Pdci, du Rdr, de l’Udpci etc.
Le comité d’organisation a eu l’appui technique de plusieurs ministères : les ministères de la Jeunesse et des Sports, de l’Emploi, de l’Intérieur et de la Sécurité, de la Communication, de l’Enseignement supérieur, de la Fonction publique… pour ne citer que ces ministères. Nous avons eu l’appui technique de beaucoup d’organisations internationales notamment le Pnud, le Bureau régional de l’Unesco, le Bureau de liaison de l’Union Africaine, le Wanep et deux experts de l’OCDE… autant d’institutions qui se sont mobilisées et ont apporté leurs expertises au cours des différents travaux.
Parlant des travaux, en dehors du carrefour de l’emploi qui a permis de recruter certains jeunes, qu’est ce qu’il y a eu au programme ?
Le thème choisi pour les assises, cette année a été « investir dans la jeunesse, un pari pour l’avenir ». Ce thème a été analysé sur 3 angles à savoir la formation, l’emploi et l’entreprenariat jeunes pour le premier axe, ensuite jeunesse, santé et crise des valeurs pour le second axe et la prise en compte des aspirations des jeunes et les processus électoraux en Afrique pour le troisième axe. 285 jeunes délégués issus de près de 200 organisations de jeunesse et 52 experts nationaux et internationaux ont 3 jours durant abordé ces problématiques. Des recommandations ont été formulées par les jeunes.
Lesquelles ?
En attendant la finalisation du rapport du comité scientifique qui sera plus complet, je sais que les jeunes délégués ont recommandé entre autres : l’accélération du processus de rationalisation de structures publiques d’aide à l’emploi jeunes et la création d’un fonds unique jeune tel que voulu par le Chef de l’Etat ; la création de maisons jeunesses comme en France, où les associations de jeunes peuvent se retrouver pour des réunions ou des programmes de renforcement de capacité. Il y a aussi le renforcement des ressources d’appui à la participation des associations de jeunesses aux grandes rencontres internationales.
Le lancement de projets de sensibilisation contre le VIH-SIDA et la drogue. Nous pouvons citer le lancement d’une campagne d’inscription des jeunes sur la liste électorale. Cette inscription sur les listes devraient permettre aux jeunes, au-delà de l’élection présidentielle, d’influencer les processus électoraux locaux par la prise en compte de leurs aspirations ou en se portant candidats sur des listes.
D’ailleurs les délégués jeunes ont suggéré que 10% des têtes de listées et des membres qui seront présenté par des partis politiques lors des élections à venir, soit des jeunes de moins de 35 ans. Enfin ils ont demandé la levée des obstacles et l’accélération du processus de mise en place du Conseil national de la jeunesse.
M. le Président des Assises, des couacs, il y en a eu. Notamment l’intervention du ministre Alain Lobognon qui n’a pas rencontré l’assentiment des jeunes. On raconte également que vous avez rencontré des obstables au niveau de certains ministères. De quoi s’agit-il concrètement ?
Il n’y a eu des difficultés avec aucune autorité. Bien au contraire, elles se sont mobilisées pour la jeunesse. Des ministres ont participé à une activité appelé Rendez-vous des générations et ont communié avec les jeunes.
Cet exercice apprécié par les jeunes, en moyenne 1200 participants par jour, a permis aux ministres de leur prodiguer des conseils de vie, leur expliquer les actions du gouvernement, et expliquer les actions menées par le chef de l’Etat et le gouvernement en leur faveur. En ce qui concerne le ministre, il s’est agi d’une incompréhension. Cet incident a été vite clos et n’a nullement entaché la suite des assises.
Vous parlez tantôt de M. Alain Lobognon, et on a constaté que lors de la cérémonie, le ministre Gnamien Konan de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique était lui aussi présent. Récemment le torchon a brulé entre ces deux personnalités. Avez-vous voulu les réconcilier en les réunissant à la même tribune ?
Je ne suis même pas au courant que le torchon brûle entre ces deux ministres. L’objectif des assises était de réunir les jeunes pour leur permettre de débattre de leur avenir et saisir des opportunités de formations, de stages et d’emploi. Tous les ministres qui ont en charge les jeunes dans leurs missions ont été invités.
Certains disent que le budget des assises et du concert pouvaient créer des emplois. Qu’en dites-vous M. le Président ?
Le rapport général qui sera transmis à l’ensemble de nos partenaires sera finalisé cette semaine et sera disponible. Vous verrez que les assises ne sont pas budgétivores. L’esprit de bénévolat a prévalu à l’organisation et tous les jeunes et partenaires sont allés dans ce sens. Je voudrais saluer cet engagement désintéressé pour la cause des jeunes.
Toutes les quatre précédentes éditions ont été organisées dans la ville d’Abidjan. A quand la délocalisation de cet événement national à l’intérieur du pays ?
Même organisées à Abidjan, les assises ont vu la participation des jeunes des 31 régions de notre pays. Je voudrais remercier les présidents des conseils régionaux qui ont adressé au comité d’organisation la liste de leurs délégués jeunes. Pour les années à venir, nous étudierons en rapport avec eux les possibilités d’une délocalisation.
Après la tenue de cette 4ème édition, peut-on dire que vos rapports avec le ministre de la Jeunesse Alain Lobognon sont désormais au beau fixe ?
Mes rapports avec le ministre Alain Lobognon sont normaux. Il est le ministre de la Jeunesse et des Sports et nous ne pouvions pas organiser un tel évènement sans sa caution. Il a bien voulu accepter de présider cette quatrième édition. D’ailleurs, il a présidé la deuxième et la troisième édition des assises.
On a vu le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Hamed Bakayoko poser un acte que certaines personnes ont qualifié de déclic. Il a offert de l’emploi à deux jeunes. Quel jugement faites-vous de son geste ?
L’acte du ministre a été fortement apprécié. Il a changé les destins de deux jeunes. Ses collègues ont fait de même. Je veux parler du ministre du Budget qui a décidé de recruter 5 jeunes et les ministres de l’Emploi, des PTIC, de la Communication, de la Santé qui ont tous décidé d’aider des jeunes pour des stages ou un emploi.
Même si vous n’êtes pas du FPI, vous pouvez avoir votre mot à dire sur la situation qui prévaut dans ce parti. Que pensez-vous de la division au sein de cette formation politique ?
Par principe personnel, j’évite de m’immiscer dans la gestion interne des partis politiques. Je pense que ce qui se passe au FPI relève exclusivement du FPI. Donc, je n’ai pas de commentaire particulier à faire. J’ai juste pris connaissance de la décision rendue par le Tribunal. Je n’ai pas de commentaire particulier à faire sur cette décision et non plus sur ce qui prévaut actuellement au FPI.
Ce qui est important, c’est que nous ne pouvions pas aller aux assises sans la jeunesse du FPI qui représente une frange aussi importante que les jeunesses des autres partis politiques. Et je note avec satisfaction que le président des jeunes du FPI Konaté Navigué et son bureau ont donné leur accord pour participer à ces assises et ont pris part à tous les travaux qui ont meublé cette rencontre.
Le 11 avril, c’est la date marquant la fin de la crise postélectorale avec l’arrestation de Laurent Gbagbo. Qu’est-ce que vous préparez relativement à cette date ?
Le 11 avril est une date importante dans la vie de notre pays. Cette date a marqué la fin de la crise postélectorale en 2011 et le début de l’exercice effectif du pouvoir du Président Ouattara. A cette occasion, nous aurons certainement un bilan à faire sur les actions importantes menées par le Chef de l’Etat depuis 3 ans dans tous les domaines, au niveau économique, social et même au niveau de la jeunesse. En 3 ans, le Président Ouattara a opéré une révolution au niveau de la jeunesse. Dans quelques jours, nous donnerons des éléments précis sur ce bilan.
Votre ami, Kouadio Konan Bertin dit KKB est candidat à la présidentielle d’octobre 2015 face à votre mentor…
C’est son droit. Je n’ai pas de commentaire à faire sur sa candidature.
Il a tout de même déclaré que votre mentor a échoué.
C’est son opinion. Je pense que tous ceux qui voient, voient et tous ceux qui entendent, entendent. Toutes les actions qui ont été menées par le Président ne sont pas de la fiction.
Les ponts et écoles construits, les universités réhabilitées, l’augmentation du Smig, le déblocage du salaire des fonctionnaires, les performances économiques réalisées avec un taux de croissance qui aujourd’hui, fait envier beaucoup de pays de la sous-région, le repositionnement de la Côte d’Ivoire dans le concert des nations, le classement dans le Doing Business, le recul de la corruption dans notre pays selon les informations de Transparency International, sont autant d’éléments et d’actions à l’actif du Président Ouattara et son gouvernement . Je pense que la politique n’est pas forcément de la mauvaise foi. On peut faire de la politique et être de bonne foi, reconnaître à l’adversaire son mérite quand il travaille bien.
Différents partis de l’opposition ont décidé de se coaliser pour affronter le Président Ouattara à la présidentielle de 2015. N’avez-vous pas de crainte ?
Selon mon intime conviction, ces élections de 2015 seront un rendez-vous entre le Président Ouattara et le peuple de Côte d’Ivoire. Le Président Ouattara n’est candidat contre personne. Il est candidat pour le peuple de Côte d’Ivoire.
Ceux qui le challengent peuvent être candidats contre lui. Le Président Ouattara a pris des engagements devant le peuple ivoirien en 2010. Malgré la difficile crise que nous avons connue, il a pu mettre en œuvre son programme de gouvernement. Donc, ce sera pour nous, un rendez-vous entre un homme et son peuple pour faire son bilan et renouveler le pacte entre eux à travers un second mandat.
Comment avez-vous ressenti la chute de Goodluck Jonathan qui a été un fort soutien pour le Président Ouattara pendant la crise postélectorale de 2011 ?
Pas de commentaire particulier. L’alternance démocratique pacifique est à saluer.
Que répondez-vous aux partis d’opposition qui face à la chute de Goodluck Jonathan, affirment que le même scénario va se produire en Côte d’Ivoire ?
(Rire) Chacun est libre d’aller de ses fantasmes et de ses rêves. Le Président Alassane Ouattara est un démocrate. Beaucoup ont pensé même qu’il modifierait la date constitutionnelle pour rattraper le temps perdu par la crise postélectorale. Il a montré son attachement à la démocratie et au respect de la Constitution. Le Président, en toute transparence, a fait part de sa volonté de se représenter.
Il est soutenu en cela par la coalition qui l’a porté au pouvoir. Comme je l’ai dit, il ira donc se soumettre au verdict des urnes en allant faire son bilan devant ce peuple et en présentant son projet pour le quinquennat 2015-2020. Et le peuple de Côte d’Ivoire jugera.
Vu toutes les réalisations qu’il a pu faire, l’accalmie, la paix sociale, la réconciliation et tout le projet social et économique, notre intime conviction est qu’il n’y a pas de raison que le peuple ne lui renouvelle pas sa confiance. Là où le Président Ouattara a mis la barre avec ses actions à la tête du pays, le populisme et la démagogie ne suffiront plus pour faire de la politique.
A vous entendre, on a l’impression que Charles Konan Banny, Essy Amara et d’autres adversaires de Ouattara ne vivent pas en Côte d’Ivoire. En effet, même s’ils reconnaissent le travail abattu par le Président Ouattara, ceux-ci ont axé leur programme sur le chantier de la réconciliation à propos duquel Banny a affirmé que Ouattara n’a rien accompli…
Je n’ai pas entendu cette déclaration du Premier ministre Banny et je ne crois qu’il ait pu dire ça. Les seules vraies initiatives et avancées au niveau de la réconciliation ces quatre dernières années l’ont été à l’initiative du Président Ouattara et de son gouvernement. Je parle du retour des réfugiés, du dialogue avec l’opposition, des requêtes auprès de la justice pour la mise en liberté provisoire de certains détenus.
Que répondez-vous à Banny quand il dit que le Président Ouattara l’a empêché d’aller rencontrer Gbagbo à La Haye ?
Ah bon ? Je ne crois pas qu’il ait dit ça. Au demeurant, beaucoup de personnes proches de l’ex-président lui reproche de n’avoir jamais rendu visite à des détenus ou de n’être jamais allé vers des réfugiés pendant qu’il était président de la CDVR.
Dosso Villard et Touré Abdoulaye
Touré Mamadou, conseiller technique du chef de l’Etat chargé de la jeunesse et des sports