En refusant de peser dans l’urne la réalité de son poids politique, à l’occasion des premières consultations électorales de la troisième République, le parti de Félix Houphouët-Boigny a agi à contre-courant de ses promesses de Renaissance et consolidé dans l’opinion l’image du Parti du renoncement.
Une étrange défaite
Le choix de présenter ses candidats sous la bannière du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) a démobilisé son électorat traditionnel. Le vote partisan s’est mué en vote de proximité, au point de faire perdre au PDCI des bastions historiques.
En net recul à l’Assemblée nationale avec 67 sièges (sur 255 possibles) contre 72 sous la précédente mandature, le PDCI est le grand perdant de ce scrutin. En dépit de l’opération de sauvetage qu’a constituée la formation d’un groupe parlementaire distinct de celui du RDR (Rassemblement des Républicains, au pouvoir), le PDCI n’a su ni dépasser ses contradictions internes, ni maintenir son unité. Trois groupes sur six dans l’hémicycle seront finalement présidés par des cadres de notre formation à l’issue d’une élection qui a montré ses divisions et l’a considérablement affaibli.
Depuis le naufrage de la présidentielle de 2010, l’exécutif du PDCI redoute une débâcle, persuadé qu’une équipée en solitaire provoquerait sa déroute. Le vieux parti traverse sa tumultueuse transition vers le 21e siècle, à la manière d’un bateau ivre. Il peine à renouveler son leadership, à transformer sa gouvernance, à mettre à jour ses répertoires d’action.
D’incertitudes sur le rapport de forces entre alliés, en doutes persistants sur la transparence des résultats, notre parti est tétanisé par l’enjeu électoral. L’équipage préfère rester à quai dans le fol espoir de vents plus propices plutôt que de risquer par gros temps de se heurter au récif d’une déconvenue.
Les militants quant à eux, bien que légitimistes, se montrent de plus en plus déboussolés par une navigation à vue, sans effort de perspective stratégique, sans plus de signaux tactiques lisibles. Cet état de fait a pour conséquence une désaffiliation des sympathisants, un tassement de l’électorat, une érosion des effectifs d’adhérents en perte de repères.
Le cheval et le cavalier
Après « l’appel de Daoukro » qui a conduit le PDCI à faire l’impasse sur la présidentielle de 2015, notre parti se contente de tenir dans le champ politique le rôle de force d’appoint ou de variable d’ajustement de l’État-RDR. Or le parti du Président Ouattara s’est forgé au milieu des années 1990, contre l’hégémonisme d’un PDCI triomphant et déroule finalement sans obstacle l’agenda de sa liquidation maquillée en unification.
Au moment des arbitrages sur la répartition des circonscriptions, le PDCI a dû abdiquer toute prétention dans le Nord du pays devenu la chasse gardée de ses alliés sans aucune forme de réciprocité. Une telle situation, aux antipodes de notre culture politique, accentue le risque de fragmentation ethno-régionale de la carte électorale...La suite sur Jeune Afrique
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