Libération des prisonniers politiques : Affi met le pouvoir en garde

  • 07/10/2013
  • Source : L'Inter
Le ton est monté d’un cran, le week-end dernier, à Gnagbodougnoa, Kpogrébré, Ouragahio et Gagnoa lors de la tournée qu'effectue Pascal Affi N’guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), dans la région du Gôh. Il a, en effet, prévenu le pouvoir en place qu’il engagera des actions d’envergure si tous les prisonniers politiques, dont Charles Blé Goudé et Simone Gbagbo, ne sont pas libérés.

 « Dans quelques mois, nous allons commencer à faire du tapage s’ils ne libèrent pas les prisonniers. Je ne peux pas tolérer que Charles Blé Goudé soit en prison jusqu’à la fin de ce mois (octobre), sinon nous allons descendre dans la rue », a mis en garde le président du FPI, au cours d’un meeting à Guibéroua, le samedi 5 octobre 2013, ajoutant que le leader de la galaxie patriotique sous Laurent Gbagbo n’est pas coupable. « On ne peut pas mettre Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé en prison alors que ceux qui ont pris les armes, qui ont endeuillé le pays, se pavanent dans les rues », a martelé Affi N’guessan devant une foule en délire.

« On ne peut pas accepter que les pro-Gbagbo soient en prison et les pro-rebelles se pavanent dans les rues de la Côte d’Ivoire », a-t-il crié. Il a partagé avec les populations de toutes ces localités, l’espoir que les autres prisonniers politiques sortiront très bientôt. Faisant aussi preuve d’ironie, il a invité le chef de l’État actuel à se défaire « de son bagage » trop lourd ». Affi a révélé qu’il a interpellé le ministre de la Justice, Mamadou Gnénéma Coulibaly, lors de son incarcération à la prison de Bouna, sur la nécessité de mettre en liberté tous les prisonniers politiques. « Le ministre Gnénéma est venu me voir en prison.

Je lui ai dit : ''vous nous mettez en prison, est-ce que ce n’est pas trop lourd pour vous ? Quand tu veux gouverner, il faut laisser tes opposants tranquilles. Ce n’est pas les mettre en prison qui est la solution. Il n’y a pas de travail, les gens souffrent et toi, c’est mettre les gens en prison qui est ton problème'', a indiqué Pascal Affi N’guessan. Et le patron du parti à la rose d’appeler le régime d’Abidjan à être courageux en libérant les prisonniers politiques. « Que le pouvoir soit courageux. Quand tu as pris un bagage qui te fatigue, il faut déposer ton bagage. C’est un acte qui va sauver ta vie. On ne va pas te mettre en prison pour ça », a estimé Affi N’guessan.

La bonne nouvelle pour Kpogrobré

Le chef du principal parti de l’opposition, à Kpogrobré, le village natal de Charles Blé Goudé, le ministre de la Jeunesse du dernier gouvernement de Laurent Gbagbo, actuellement détenu en ''résidence dite protégée'', a annoncé « une bonne nouvelle » aux populations. « Je suis porteur de bonne nouvelle. Je suis venu vous annoncer que Blé Goudé est en route, Laurent Gbagbo est en route ». Ces propos ont suffi pour qu’une frénésie s’empare des parents de Charles Blé Goudé, qui n’ont pas cessé de danser jusqu’à la fin de la visite de Kpogrobré. « Si Dieu m’a mis dehors, c’est pour venir ouvrir la route.

Ceux qui nous ont mis en prison pensaient que le pays allait marcher. Vous leur avez démontré que sans nous, la vie n’a pas de sens, sans nous, il n’y a pas d’élection justes et crédibles en Côte d’Ivoire. C’est parce qu’ils ont compris cela qu’ils m’ont mis dehors, qu’ils vont mettre Laurent Gbagbo en liberté. La pensée et la vision de Laurent Gbagbo s’imposeront à la Côte d’Ivoire et au monde », a soutenu le président du FPI.

Le peuple Guébié, l’exemple


A Gnagbodougnoa et Kragbalilié, Pascal Affi N’guessan qui était allé se recueillir sur la tombe de l’ex-membre du Conseil économique et social, Dadi Babi, décédé en pleine forêt alors qu’il tentait d’échapper à des hommes en armes pendant la crise, a affirmé que le peuple Guébié est la référence en matière de résistance et d’expression de la démocratie. « Le peuple Guébié est un peuple de progrès. C’est votre combat que Laurent Gbagbo a repris et que nous poursuivons.

Mais, le combat n’est pas terminé. Le régime, qui s’est installé dans la violence, nous oppresse. Les fils de cette région ont toujours marqué l’histoire de notre pays. Soyez fiers de cette histoire. Nous qui ne sommes pas Bété ou Guébié, c’est grâce à votre exemple que nous sommes derrière Gbagbo et en politique.

Nous devons redoubler d’effort et continuer d’agir pour que tous les autres prisonniers sortent. Nous ne cesseront jamais de marcher, de revendiquer tant que les prisonniers ne sont pas libérés », a poursuivi le chef du FPI. Pour lui, la place de Laurent Gbagbo n’est pas en prison mais bien à côté du peuple de Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle il a invité la Cour pénale internationale (CPI) à le mettre en liberté. « La réconciliation n’aura pas lieu si les dirigeants de la Côte d’Ivoire n’ouvrent pas les portes des prisons », a-t-il asséné.

Coulisses

Des jeunes de Dioulabougou hostiles


Après une rencontre avec les Imams de Gagnoa, hier dimanche 6 octobre 2013, à la grande mosquée de la ville, des jeunes, visiblement partisans d’Alassane Ouattara, ont tenu des propos hostiles au FPI et à son chef Affi N’guessan. Certains traitaient les Imams de vendus, pendant que d’autres proféraient des injures à l’encontre de la délégation du FPI.

Pour leur part, les Imams ont affirmé à Affi N’guessan qu’ils ne cessent d’appeler les jeunes issus du camp Ouattara, majoritairement leurs fidèles, à faire la paix et à s’inscrire dans la réconciliation. Affi N’guessan était allé demander aux hommes de Dieu de l’accompagner dans la mission de réconciliation.

Dano Djédjé coule des larmes


Le vice-président du FPI, Sébastien Dano Djédjé, a versé des larmes, le samedi 5 octobre, à l’étape de Kragbalilié. Face aux chefs de Gnagbodougnoa, il a rappelé son amitié avec Dadi Babi et relaté les circonstances de sa mort en coulant des larmes.

Les pas de danse d’Angeline Kili


La compagne du président du FPI, Angeline Kili, n’a pas boudé son plaisir à Kpogrobré et Guibéroua. Elle a esquissé des pas de danse toutes les fois que des artistes ont presté. Fille de Gagnoa, elle était visiblement heureuse de revoir sa famille politique retrouver les militants du département de Gagnoa.

Le cri de ralliement


‘’Gbagbo awlizikou ohhh’’. C’est le cri de ralliement des partisans de Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien, dans le pays Bété. Tout au long de la tournée dans le département de Gagnoa, les populations n’ont cessé de prononcer cette parole. Selon des fils de la région, cette expression signifie : « Que Gbagbo soit toujours la tête, celui qu’on suit ».

On peut le dire sans risque de se tromper, le Front populaire ivoirien (FPI) est déjà en campagne pour les prochaines élections générales en Côte d’Ivoire. Et son président, Pascal Affi N’guessan, qui effectue une tournée dans le pays Bété, ne s’en cache pas. De Mama à Gagnoa, en passant par Ouragahio, Guibéroua, Kpogrobré, Affi N’guessan a invité les populations en général et les partisans de Laurent Gbagbo à se mobiliser pour chasser du pouvoir les dirigeants actuels du pays. Une invite qui a trouvé l’adhésion des populations qu’il a rencontrées durant son séjour dans le département de Gagnoa.

« Quels que soient la date et le lieu, nous nous rassemblerons comme un seul homme pour booter hors du pouvoir ceux qui sont arrivés là accidentellement, injustement. Ça ne peut pas durer plus longtemps, notre patience a des limites. Nous allons nous mobiliser pour que cette situation change », a-t-il dit à Gnagbodougnoa. Il a tenu le même message aux parents de Charles Blé Goudé à Kpogrobré. « Vous devez préparer les élections à venir pour arracher le pouvoir à ceux qui sont arrivés accidentellement », a lancé Affi N’guessan. Il a dénoncé la « décadence » de l’Etat parce qu’à l’en croire, la police, la gendarmerie et l’armée « sont humiliées et marginalisées ». L’exemple le plus palpable, pour lui, c’est la délocalisation de son meeting, qui devait se tenir à Oumé, à Diégonéfla.

Affi N’guessan a trouvé inconcevable que le préfet d’Oumé, selon ce qui lui a été rapporté, puisse « reculer devant un groupe de personnes appartenant à un parti politique ». En effet, le préfet d’Oumé, selon les informations en notre possession aurait ordonné la délocalisation du meeting du FPI dans une autre ville parce que le parti au pouvoir, le RDR, doit tenir un meeting à Oumé le même jour (lundi 7 octobre 2013).

« Quand un préfet est incapable de faire respecter la loi, cela signifie que la République n’existe pas. L’Etat est bafoué, piétiné. Il faut que la Côte d’Ivoire se lève et marche vers son destin », a déclaré Affi N’guessan. « Ils ne peuvent pas se mettre au service de l’oppression, de la persécution des Ivoiriens. Ils ne peuvent pas attraper les fils de ce pays et les jeter en prison ou les obliger à l’exil pour rien », a dit le président du FPI à Ouragahio, hier. A l’entendre, le FPI reviendra au pouvoir pour mettre fin à « l’injustice ».

Hervé KPODION
(Envoyé spécial)