Fin d’un épisode, début d’un autre. Le feuilleton de la liberté provisoire à accorder à l’ancien chef d’Etat, Laurent Gbagbo, incarcéré à La Haye se poursuit le 11 novembre prochain. Cette fois, les regards et les oreilles sont tendus vers la Chambre préliminaire I, qui montera une fois de plus au créneau pour se prononcer sur la question.
En effet, après la Cour d’appel qui a opposé un refus catégorique à l’Appel interjeté par la Défense de Laurent Gbagbo avant-hier, la Chambre préliminaire I, conformément aux statuts de la CPI qui exigent que la détention d’un suspect de la Cour soit examinée tous les 120 jours, se prononcera le 11 novembre à l’issue d’une audience. Que va dire cette Chambre préliminaire I ? Va-t-elle dire autre chose que ce qu’elle a dit, le 11 juillet dernier?
Va-t-elle revenir sur sa décision rendue, qui était que Laurent Gbagbo ne pouvait bénéficier de la liberté provisoire, compte tenu d’un certain nombre d’éléments ne favorisant pas cette liberté provisoire ? Quelle serait alors le motif qui militerait en faveur d’un revirement spectaculaire de la Chambre ? En somme, Laurent Gbagbo va-t-il bénéficier enfin de la liberté provisoire comme ses partisans sur les bords de la Lagune Ebrié tentent de faire croire? Les interrogations fusent et trottinent dans les esprits.
Cependant, après une analyse de la situation, tous les espoirs semblent être ruinés pour le prisonnier de Scheveningen. L’ancien chef d’Etat n’aura visiblement aucune chance de respirer, ne serait-ce qu’une poignée d’air de liberté provisoire. Et la décision de la Cour d’Appel rendue il y seulement deux jours apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent que rien de nouveau ne se profile à l’horizon pour l’ex-homme fort d’Abidjan et ses partisans.
En tout cas, le message des juges de la Cour d’Appel, en s’alignant sur la décision rendue le 11 juillet dernier par la chambre préliminaire I, est assez limpide : la liberté provisoire est au prix de l’effacement des raisons qui ont fondé la décision de la chambre préliminaire I. En d’autres termes, pour bénéficier de la largesse des juges, il faut que les comptes secrets en banque de Laurent Gbagbo soient tous découverts, que son réseau d’activistes, qualifié de dense par les magistrats, disparaisse, que le risque de fuite avec la complicité de ce réseau n’existe plus, qu’un pays crédible se propose de l’accueillir en cas de liberté et que des éléments nouveaux sur l’incapacité du prisonnier à tenir un procès soient mis en évidence.
Au quel cas, la CPI aura toujours des raisons sérieuses de maintenir Laurent Gbagbo dans les liens de la détention et ce sera le revers permanent pour Me Altit et son équipe concernant la liberté provisoire tant courtisée. Pourtant, après la douche froide de mardi dernier, les refondateurs s’accrochent encore aux conclusions de l’audience de 11 novembre prochain et, comme à leur habitude, donnent dans l’intoxication et la rêverie. Pourtant, ils savent bien que le coup de magie ne se produira pas pour que leur chef de file se retrouve en liberté provisoire.
Les chances que la Chambre préliminaire I se rétracte sont, donc quasiment inexistantes. Car, depuis le 11 juillet dernier, rien n’a changé. Les comptes secrets demeurent, le réseau reste toujours actif, le risque de fuite est toujours élevés…On le voit, sauf cataclysme, le 11 novembre sera égal au 29 octobre dernier pour Laurent Gbagbo et ses partisans. C’est-à-dire, on verra la reconduction incontestablement de la décision du 11 juillet. Il faut donc arrêter de rêver et surtout de manipuler une partie de l’opinion de façon permanente.
Lacina Ouattara
Liberté provisoire : Pourquoi Laurent Gbagbo n’a pratiquement plus de chance - Photo à titre d'illustration