Les témoignages des bénéficiaires sont éloquents. Les résultats sont visibles aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Dans les 59 localités concernées, l’amélioration du niveau de vie des populations les plus vulnérables est une réalité.
Un chef de famille sans emploi, une fille en classe de 5ème contrainte de quitter l’école et la mère de cette famille de six enfants, obligée de s’adonner à de petits travaux pour faire bouillir la marmite…Ayant quitté Bouaké pour s’installer à Aboisso dans la région du Sud-Comoé, ce ménage vivait dans des conditions extrêmement difficiles.
Quand nous retrouvons cette famille le mercredi 20 novembre 2024, au quartier Assiékro, le tableau a changé. Le chef de famille, sous un hangar, épluche un sac de manioc, la jeune élève qui avait quitté l’école en classe de 5ème a repris ses études et est maintenant en classe de 3ème. Ce mercredi après-midi, la jeune fille qui n’a pas cours aide sa mère dans ce qui est en train de devenir une petite « entreprise familiale ». Tous les autres enfants vont à l’école. Et se nourrir n’est plus un défi quotidien.
« Ça va même. Les choses ont changé. Maintenant, nous arrivons à subvenir à nos besoins, manger, payer le loyer, les factures. Tous les enfants vont à l’école. Avec la fabrication de l’attiéké, j’ai pu acheter un terrain à Aboisso et un autre à Sinfra », témoigne la mère de famille, Parfaite Amenan Konan.
L’histoire de cette famille fait partie des nombreuses success stories de la mise en œuvre du programme des Filets sociaux productifs de la région du Sud-Comoé. Les bénéficiaires du projet perçoivent une allocation trimestrielle de 36 000 FCFA, soit 12 000 FCFA par mois sur trois ans.
Non loin de là, Fatoumata Diarrassouba, une autre bénéficiaire du programme a ouvert une petite boutique. « Avant l’avènement du projet Filets sociaux, des femmes étaient confrontées à de nombreuses difficultés, certaines étaient obligées d’aller désherber les plantations pour avoir un peu d’argent pour nourrir leurs enfants. Aujourd’hui, toutes ces femmes ont pu mettre en place de petits commerces », nous explique cette bénéficiaire, pressée d’aller participer à la réunion de son AVEC (Associations villageoises d’Épargne et de Crédit). La mère de famille arrive à faire face aux dépenses. Elle nous dit sa joie de ne plus avoir à « courir derrière de tierces personnes pour solliciter des prêts, des créanciers qui peuvent réclamer le remboursement du prêt à tout moment ».
A Diatokro, un village situé sur l’axe Abidjan-Aboisso, on compte une trentaine de bénéficiaires. Selon le président de l’association des bénéficiaires, Moussa Traoré, ce projet du gouvernement a permis d’améliorer de façon significative les conditions de vie dans le village.
« Les femmes ont mis en place des activités génératrices de revenus. Elles sont dans la fabrication du placali, de l’attiéké, du savon kabakrou… », indique-t-il, avant de plaider pour que d’autres personnes vulnérables puissent également bénéficier de ce programme.
Mariam Soulama est dans la fabrication du savon kabakrou. « Avant le projet, avec mes maigres moyens, je faisais trois barriques par mois, aujourd’hui, je fais 6 à 7 voire 8 barriques chaque mois », nous explique-t-elle.
A Diatokro, les femmes ont créé une coopérative pour ensemble développer leurs activités. Leurs productions de savon par exemple sont écoulées dans les pays voisins comme le Burkina Faso. Les revenus leur assurent une indépendance financière.
« Avec la volonté et de l’imagination, les allocations de 36 000 FCFA que les bénéficiaires perçoivent peuvent générer des millions », soutient Mariam Soulama, enthousiaste.
Selon la direction régionale du ministère de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, de 2020 à ce jour, on compte 4461 bénéficiaires (3046 en milieu rural et 1451 en milieu urbain). Ces bénéficiaires sont répartis dans 4 départements, 17 sous-préfectures et 59 villages. Le montant décaissé par l’Etat s’élève à 2 248 344 000 Fcfa. Et ce sont 219 AVEC qui ont été installées dans la région.
Dans le Sud-Comoé et dans de nombreuses localités du pays, le programme des filets sociaux productifs et les AVEC qui sont installées par les bénéficiaires contribuent à la lutte contre la pauvreté et renforcent les liens de solidarité et la cohésion.
Sur le plan national, ce sont 457 000 ménages qui ont bénéficié du programme à fin novembre 2024.
Lutte contre la pauvreté : Le programme Filets sociaux fait ses preuves dans le Sud-Comoé