« Nous allons dans la dernière ligne droite. Nous allons gagner pour reprendre le pouvoir. Nous allons vers la mise en place d'une convention nationale de la Côte d'Ivoire », dixit Miaka Oureto, le président par intérim du Front populaire ivoirien (FPI), au cours de la passation des charges, le mercredi 28 août entre Laurent Akoun qui assurait l'intérim du secrétaire général, et Richard Kodjo, devenu l'intérimaire de l'intérimaire après l'arrestation de Laurent Akoun.
Miaka Oureto lui-même passera la main au président statutaire du parti, Pascal Affi N'Guessan, sorti de prison le lundi 05 août dernier, pour boucler la boucle de la vague des passations des charges qui a lieu en ce moment au sein du parti à la rose.
Avant cela, selon un communiqué du secrétariat national à la communication (Snacom), il sera organisé le 31 août, toujours au QG de campagne de Laurent Gbagbo, une cérémonie de réception officielle des ex-détenus membres de l'ancien régime. Une façon pour l'ancien parti au pouvoir de rassembler toutes ses forces vives et tracer ensemble les sillons des batailles futures. C'est donc un FPI re-structuré, avec tous ses organes statutaires en place et pleinement fonctionnels comme ils l'étaient avant la violente secousse de la guerre post-électorale, qui se retrouvera à partir du 07 septembre prochain.
Lentement, mais sûrement, le camp de l'ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, défait ce 11 avril 2011 à l'issue de la guerre post-électorale, se réveille donc. Le FPI et ses alliés se remettent petit à petit de la chute brutale de leur régime, et aborde l'avenir avec beaucoup d'espoir. « Nous devons rassembler tous ceux qui sont pour le progrès. Ils ont voulu rayer le FPI, mais personne ne peut détruire le Fpi. Nous sommes incassables, nous sommes indestructibles. Nous avons les moyens de sortir de cette situation », a assuré le secrétaire général par intérim, Laurent Akoun. Dopés par la remise en liberté provisoire de leurs dirigeants, les refondateurs croient dur comme fer en leur retour aux affaires.
Du côté de la Riviera Attoban, l'imposant bâtiment qui sert de siège provisoire à l'ancien parti au pouvoir, est défraîchi par l'usure du temps et porte encore des signes visibles du pillage subi pendant la crise. Il connaît cependant une certaine montée d'animation, et abrite de plus en plus de réunions. Signe que le camp Gbagbo sort de son sommeil. Sur le terrain, Koua Justin, le leader de la jeunesse du Fpi, a repris ses tournées. « Le match retour va se jouer (…) Je m'adresse au peuple, il reste une dernière mission, libérer Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé, Yavo Martial et tous les combattants », assure-t-il. Il n'est pas seul.
Il a avec lui Gnahoré Achille, le président du comité de crise des '' Agoras et Parlements '', ces espaces d'expression libre totalement acquis à la cause de Laurent Gbagbo. Défaits également par la crise, les Agoras et Parlements aussi se réveillent. Le samedi 24 août 2013, Koua Justin était l'invité spécial de l'investiture du bureau du '' Parlement Tout-puissant Kremlin '' de Port-Bouët quartier Adjouffou. « Nous sommes sur le chemin de la victoire. Tout le FPI est là, il ne reste plus que le peuple. Nous allons lancer le dernier combat. C'est ce que nous avons appelé le match retour », a lancé Koua Justin.
Du côté de la haute direction du Fpi, l'on apprend qu'un vaste programme d'activités est en élaboration et sera déroulé à partir du 07 septembre prochain, date de la prise de fonction officielle de Pascal Affi N'Guessan. Le président du parti à la rose devrait entamer une grande tournée nationale pour aller à la rencontre de ses militants, leur expliquer la situation politique actuelle et les nouvelles orientations de leur lutte. « Mais sachez que nous n’avons pas trois programmes, nous n’avons pas deux programmes, nous avons un seul programme. Et ce programme, c’est le programme du peuple de Côte d’Ivoire. Et ce programme, ce sont les aspirations profondes du peuple de Côte d’Ivoire. Et ce programme, c’est résoudre tous les problèmes qui peuvent faire en sorte que ce pays ne soit pas un pays moderne, un pays prospère », avait-il dit à sa sortie de prison, le 06 août 2013. Le réveil du '' monstre '', dirait-on.
Les refondateurs reviennent de loin
Et pourtant, tous les indicateurs semblaient prédire la fin, et les coups reçus inclinaient à y croire. Comme un château de cartes, le régime de la refondation s'était en effet effondré. Le leader charismatique, le président Laurent Gbagbo, son épouse Simone Ehivet et la quasi totalité des membres du gouvernement sont mis aux arrêts. Gbagbo est d'abord détenu à Korhogo, avant d'être transféré à la Cour pénale internationale (CPI). Simone est détenue à Odienné, quand les autres cadres sont repartis entre Boundiali, Katiola et Bouna au nord du pays, loin de la capitale économique Abidjan, siège du pouvoir d’État, désormais sous le contrôle sans partage du camp Ouattara. Le FPI, ancien parti au pouvoir, est décapité. Ses dirigeants sont jetés en prison. Ceux qui ont pu échapper aux mailles du filet, sont en exil dans des pays de la sous-région. La galaxie patriotique, l'un des piliers sur lesquels reposait le régime, est aussi défait. Ses responsables sont en fuite.
La branche armée du régime est désarticulée. L'on note des défections et ralliements, pour le moins surprenants, au président Alassane Ouattara. Le premier responsable de l'armée de Laurent Gbagbo, le général Philippe Mangou, qui lui avait juré fidélité au prix de sa vie, a fait allégeance. Le patron de la gendarmerie, le général Tiapé Kassaraté, perçu comme l'un des indéfectibles appuis de Gbagbo, est d'abord soupçonné en pleine crise post-électorale de pactiser avec le camp Ouattara, avant de se rallier officiellement. Plusieurs autres officiers ont suivi.
Le général Bruno Dogbo Blé, patron de la Garde républicaine (GR), très fidèle à l'ancien président, est mis aux arrêts, le général Guiai Bi Poin, commandant du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCOS), perçu comme une milice à la solde du pouvoir, est impuissant, son unité ayant été disloquée. Tout comme le très craint Konan Boniface, qui commandait les Fusiliers marins commando (FUMACO), qui sera finalement convaincu de rentrer au pays, après sa fuite. Dans cette triste fin du régime de la refondation, on note des décès de cadres FPI, dont celui de Désiré Tagro, Paul Antoine Bohoun Bouabré, Gnan Raymond, pour ne citer que ceux-là. Une sorte de descente aux enfers d'où on pourrait parier que le parti à la rose ne se relèverait pas. Mais après deux ans, la courbe du cardiogramme du parti de Laurent Gbagbo aborde une pente ascendante.
Politique nationale : Le camp Gbagbo se réveille ! - Photo à titre d'illustration