Protection civile: “ Les pompiers civils arrivent pour rapprocher les secours des populations ’’

  • 03/06/2014
  • Source : Fraternite Matin
Le directeur général de l’Office national de la protection civile, le général de police, Kili Fagnidi Fiacre, présente le nouveau corps des pompiers et fait le point sur les mesures de prévention.

Quels sont, aujourd’hui, les moyens dont dispose l’Onpc pour accomplir sa mission?
L’Office national de la protection civile dispose des moyens que l’Etat de Côte d’Ivoire a bien voulu mettre à sa disposition pour accomplir sa mission. Nous bénéficions également de l’appui de nos partenaires aussi bien internes qu’extérieurs. En plus du budget de l’Etat, nous avons obtenu, l’année dernière, des dons du peuple japonais. Ils sont constitués de camions –citernes, d’ambulances, de véhicules double cabine et de matériel technique.

De l’Office international de la protection civile, nous avons eu aussi un camion échelle de 32 mètres qui va nous permettre des interventions en hauteur. La semaine dernière, nous avons reçu du matériel de la Coopération française. Avec ce dont nous disposons, nous essayons, autant que faire se peut, d’accomplir notre mission. 

Pensez-vous que votre structure est suffisamment outillée pour faire face à toute calamité qui surviendrait ?
L’Onpc ne travaille pas seul. Les dons reçus nous permettent, certes, d’être efficaces. Mais une fois que nous avons des difficultés à faire face à une situation, nous avons recours à nos partenaires, le Ciapol, la Force Licorne qui a déjà appuyé la Côte d’Ivoire en maintes occasions. Dans la formation des nouveaux pompiers civils, l’Onuci nous apporte tout l’appui logistique.

Peut-on connaître le nombre des pompiers civils ? Où sont-ils basés et quelle est leur zone de compétence ?
Les pompiers civils ont les mêmes missions que les pompiers militaires. A savoir, porter secours aux populations en cas de catastrophe et être plus proches de ces dernières. Mais, à la différence des pompiers militaires qui sont basés à Abidjan et Yamoussoukro, l’avènement du corps des pompiers civils va permettre à la Côte d’Ivoire de mettre en œuvre sa politique de couverture du territoire national par les forces de sécurité.

Ils auront pour autorité de tutelle, le ministre d’Etat, ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, à travers l’Onpc et seront mis à la disposition des 31 conseils régionaux. De telle sorte que lorsqu’une catastrophe survient, par exemple, à Bouna, avec l’état de nos routes, que nous ne soyons pas obligés d’attendre que les secours viennent d’Abidjan. C’est une politique de proximité.

Les pompiers civils vont être répartis sur l’ensemble du territoire national, dans les jours à venir, par le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Le 5 mai dernier, a eu lieu, à Bouaké, la cérémonie de sortie de la première vague des membres de ce corps qui étaient au nombre de de 722. En ce moment, sont en formation, au 3e bataillon de Bouaké, 778 pompiers civils de telle sorte que d’ici au 5 juillet, ils soient au total, 1500 mis à la disposition des populations ivoiriennes.

De quelle autorité relèvent-ils sur le terrain ?
Ils seront affectés dans les chefs-lieux des communes des conseils régionaux, mais leur utilisation sur le terrain, leur carrière relèvent de l’Onpc. Les conseils régionaux vont leur apporter l’appui technique, mettre un local à leur disposition. A cet effet, leurs ont été reçus, récemment, à l’Hôtel du district par le ministre d’Etat, Hamed Bakayoko, qui leur a expliqué la mission dévolue à ces pompiers civils.

Il ne faut pas que ces derniers soient employés à faire autre chose que ce pourquoi ils ont été formés et mis à leur disposition. Le ministre, à travers l’Onpc, aura un droit de regard sur leurs activités quotidiennes. Dans la mesure du possible, nous vérifierons qu’ils font leur travail, faute de quoi, nous allons essayer de les recadrer. 

Que feront-ils concrètement ?
Ils interviendront lorsqu’un accident survient dans leur zone. A la suite, par exemple, d’inondations consécutives aux pluies. Ils accomplissent les mêmes missions que les pompiers militaires. C’est seulement leur statut qui différencie les deux corps. L’un est civil et l’autre, militaire. Nous n’inventons rien, les pompiers civils existent déjà un peu partout dans le monde. En France, par exemple, ils sont plus nombreux que les pompiers militaires. Ces derniers ne sont qu’à Paris et Marseille. Tout le reste du territoire français est couvert par les pompiers civils. C’est un corps qui permet à l’Etat d’être proche des populations. 

Quelle est la contribution attendue des conseils régionaux qui abriteront des unités de pompiers civils ?
Sachez, avant tout, que les pompiers civils sont des fonctionnaires qui émargent au budget de l’Etat. Dans le cadre des prérogatives de l’Etat, un certain nombre d’attributions ont été cédées aux conseils régionaux et la protection civile en fait partie.

Ces entités apportent un appui logistique et matériel. A l’intention de leurs présidents, nous avons élaboré un guide. Ils ont l’obligation d’assister matériellement les pompiers civils qui sont dans leur. Un président de conseil régional qui nous a approché met déjà à notre disposition un local que nous allons visiter. Nous dirons au ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité si nous l’estimons apte à recevoir une équipe de pompiers civils.

Mais, l’apport du conseil régional ne décharge pas pour autant l’Onpc de ses responsabilités. Nous apportons le matériel technique, notamment, les extincteurs. Il sera demandé au conseil régional de s’occuper de toutes les charges administratives, c’est-à-dire les fournitures de bureau, tables, chaises, etc. C’est ensemble que nous allons assister ce « bébé » pour qu’il grandisse. 

Qu’est-ce qui différencient les pompiers civils des pompiers militaires que les Ivoiriens connaissent déjà ?
Les pompiers militaires relèvent du ministère de la Défense, mais sont mis à la disposition du ministère d’Etat, ministère de l’Intérieur et de la Sécurité pour emploi. Mais, je le répète, pompiers militaires et civils ont les mêmes missions. En cas de sinistre, ils interviennent. Mais pour le moment, nous avons décidé de les mettre dans des localités différentes pour éviter des conflits de personnes.

Et cela va nous permettre une meilleure couverture du territoire national. Voyez-vous, de grandes localités comme Aboisso, San-Pedro, Odienné, Bouna, Bondoukou, Man… n’ont pas de pompiers. Ce qui justifie la création de ce corps que nous avions projetée depuis quelques années. Je voudrais remercier le gouvernement d’avoir accédé à notre demande. La première unité est constituée uniquement d’ex-combattants. Mais, par la suite, le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrativeorganisera un concours comme pour tous les corps de métiers de l’Etat.

La création de tout nouveau corps de métier suscite des appréhensions chez la population. Quel sera le mécanisme de contrôle de ce nouveau corps civil auquel ne s’applique pas la rigueur de la discipline militaire ?
Je voudrais rassurer la population ivoirienne que bien que civils, nous avons affaire à des fonctionnaires comme les médecins, les enseignants et autres. Nous avons en notre sein des médecins militaires qui font convenablement leur travail. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, chacun fera son travail.

C’est vrai que le ministère et l’Onpc sont à Abidjan, mais, dans les localités, se trouvent les présidents des conseils régionaux, les préfets qui sont les relais de l’administration pour contrôler ce que feront sur le terrain les pompiers civils. Ils rendront compte au ministre d’Etat qui, par rapport à cela, nous donnera des instructions et nous allons sévir si l’un des éléments déployés ne fait pas son travail.

La première vague a été formée et nous sommes à la période de leur immatriculation au niveau de la fonction publique, et de manière concomitante, le décret est à la signature. Si tout est prêt, dans les semaines à venir, le ministère d’Etat, Hamed Bakayoko, mettra à la disposition des conseils régionaux la première vague de pompiers civils. Tout début est difficile. Nous ne nions pas que des difficultés peuvent subvenir au cours de cette mise en marche de ce nouveau corps.

Mais, comme je le dis toujours à mes collaborateurs, Paris ne s’est pas fait en un jour. Ce qui est aujourd’hui la caserne des sapeurs-pompiers à Yamoussoukro n’était qu’un hangar et c’est au fil des années que nous avons pu obtenir le bâtiment actuel.

Quelle est la zone de compétence des pompiers civils ? Sont-ils habilités à intervenir jusque dans les villages ?
Ils ont compétence pour intervenir sur toute la superficie ouverte par un conseil régional. Sachez que les pompiers militaires en fonction n’interviennent pas qu’Abidjan. Ils interviennent aussi bien en agglomération que dans les villages.

Si par exemple, nous avons une unité de pompiers  civils à San-Pedro, que ce soit dans les villes que dans les villages de cette région, cette unité est compétente pour intervenir partout. Si on appelle d’un village pour dire que quelqu’un est tombé dans un puits, ce sont ces pompiers-là qui iront intervenir pour extraire cette personne morte ou vivante, c’est leur mission. Ils ne resteront pas qu’en ville.

Disposeront-ils de moyens conséquents pour accomplir leurs missions comme vous le souhaitez ?
Les moyens seront mis à leur disposition par le ministère à travers l’Onpc et par les conseils régionaux et aussi certainement avec les dons que nous allons avoir de nos partenaires. Ce matin, je viens de recevoir un mail où on me propose un engin. Nous allons essayer de leur donner le minimum pour qu’ils travaillent. Mais encore une fois, nous disons que c’est un nouveau corps… soyons indulgents. L’Etat de Côte d’Ivoire a pris toutes les dispositions pour que sur le terrain, ces pompiers civils aient le minimum pour travailler.

De quelle manière les pompiers civils seront-ils joignables ?
Comme leurs homologues pompiers militaires, les pompiers civils seront joignables par des numéros dans chaque localité. Un président de conseil régional a déjà mis à notre disposition un local qu’un de mes collaborateurs est allé visiter la semaine dernière. Une fois que l’unité des pompiers sera installée dans cette localité, nous communiquerons à la population comment la joindre.

Les pompiers civils pourront-ils intervenir dans une bagarre généralisée au cours d’un match de football qui a lieu par exemple dans un village ?
Non ! Ce n’est pas le rôle des pompiers, qu’ils soient civils ou militaires. Il faut que la population sache le rôle de la police, de la gendarmerie et des pompiers. Les pompiers sont là pour porter secours uniquement, donner les premiers soins. Si dans un village, il y a une bagarre généralisée, le premier réflexe du chef du village, c’est d’appeler la gendarmerie. Il ne faut pas faire de confusion dans les rôles.

La gendarmerie arrive, constate, interpelle les auteurs et s’il y a beaucoup de blessés, alors, on fait appel au service de secours et les services médicaux pour intervenir. Je le répète haut et fort, le rôle des pompiers, ce n’est pas de venir séparer des parties qui sont en train de se battre. Par contre les pompiers civils ont l’obligation de porter secours à des blessés suite à cette bagarre, mais avec les services médicaux. N’allez pas vous bagarrer pour dire après que les pompiers civils n’ont pas joué leur rôle.

A qui doit-on se plaindre si ces nouveaux fonctionnaires qui vont prendre fonction dans les localités dévient de leur mission ? 
Encore une fois, ayons confiance à ce nouveau corps de métier. Il ne transformera pas l’administration ivoirienne. Nous avons des fonctionnaires qui sont en poste à l’intérieur du pays dans les différentes localités.

Lorsque vous n’êtes pas content du commissaire de police d’une localité, qu’est-ce que vous faites ? Eh bien, vous saisissez sa hiérarchie directe qui est le préfet de police à défaut du chef de district de police.

Et si vous suspectez le préfet de police d’être de connivence avec le commissaire de police, vous remontez au directeur général de police. Et si à ce niveau vous n’êtes pas satisfait, vous remontez au ministre. Voyez-vous, il y a toute une chaîne. Il ne faut pas que d’emblée, la population prenne l’habitude de nous appeler. Il faut qu’on respecte l’autorité locale.

L’administration centrale a ses règles qu’il faut respecter. Il y a des échelles. Si de manière exceptionnelle quelqu’un arrive à me joindre pour dénoncer une attitude, je le renverrai au président du conseil régional ou le préfet qui, dans sa localité est le représentant de tous les ministres. Je voudrais inviter la population à réserver un bon accueil à ce nouveau corps. Les pompiers civils ne sont rien d’autres que nos enfants, nos parents.

Aidons-les à réussir leur mission, nous ne pouvons qu’en tirer de grands bénéfices. Ils dépendent des conseils régionaux. La première tutelle du conseil régional, c’est le préfet. Epuisez d’abord ces deux voies-là. Sans oublier que chaque unité des pompiers civils est sous la responsabilité directe d’un chef. Ceux-là sont actuellement en formation à Yamoussoukro. 

Les chefs des unités sont-ils eux aussi des civils ?
Bien sûr que ce sont des civils. Mais enfin, pourquoi avez-vous peur d’un corps de civils ? Les établissements scolaires fonctionnent très bien à l’intérieur du pays avec des responsables qui sont des civils ! Vous avez été habitués aux pompiers militaires, mais, qui ne couvraient pas l’ensemble du territoire. Aujourd’hui, apprenez à vous habituer aux pompiers civils.

Dans toute la chaîne de commandement, ce sont les civils qui vont faire le travail. Je vous rappelle qu’en France c’est comme cela que les choses fonctionnent et ça marche à merveille.

Donc, n’ayons pas de crainte et aidons-les. C’est vrai que quand le corps est nouveau on a des appréhensions. Mais, c’est ensemble que nous devons les aider. Ils viennent de sortir d’une formation, ils ont de la volonté et ils veulent prouver que l’Etat n’a pas eu tort de leur faire confiance en leur donnant cette chance de gagner leur vie honnêtement.

Je profite de cette interview pour lancer un appel aux populations qui vont bientôt recevoir ces pompiers de leur réserver un bon accueil. Dès qu’il y a une situation qui relève de leur compétence, appelez-les rapidement. Ne dites pas, ah, les pompiers, on les a appelés, ils ne viennent pas alors qu’en réalité, personne ne les a appelés. Il faut surtout qu’on leur facilite la circulation. Lorsque le véhicule des pompiers avec les Gyrophares arrive, il est prioritaire.

L’une des plus importantes missions de l’Onpc, c’est aussi la prévention des sinistres.  Sur ce volet, dites-nous où en est-on avec l’exécution du plan Orsec ?
Conformément à l’article 5 du décret 2008 60 du 18 février 2008, l’Onpc a pour mission de prévenir les risques civils. Par risques civils, on entend tout ce qui est catastrophes naturelles, industrielles.

Le gouvernement a confié la prévention à l’Onpc qui a une mission de coordination en rapport avec plusieurs départements techniques. Cette mission, nous la menons du 1er janvier au 31 décembre de l’année. Notre mission principale, c’est faire en sorte qu’on n’ait pas de risque en Côte d’Ivoire. Malheureusement, le risque zéro n’existe pas et quelles que soient les dispositions qu’on prend, le risque peut survenir.

On n’écarte pas cette éventualité. Mais alors un Etat responsable assiste, porte secours. Je vous fais l’économie de grandes catastrophes que nous avons connues et où l’Onpc, au nom de l’Etat de Côte d’Ivoire, a eu à intervenir. Parlant du plan Orsec, je crois qu’il faut que d’ici la fin de l’année, on organise un séminaire sur le plan Orsec à l’attention des médias afin qu’on évite la confusion qu’il y a aujourd’hui.

Dès qu’on voit l’Onpc, on pense systématiquement au plan Orsec. Orsec veut dire Organisation des secours. Aujourd’hui, la nouvelle terminologie au plan mondial c’est : Organisation de la réponse de sécurité civile. Donc, on ne peut parler d’Orsec que s’il y a une catastrophe. Et celle-ciest définie par l’article 2 du décret 79 643 du 8 août 1979 portant organisation du plan de secours à l’échelon national en cas de catastrophe.

La catastrophe est un évènement soudain entraînant la mise en danger de nombreuses vies humaines ou de nombreux biens importants et qui nécessitent l’intervention de moyens extraordinaires, supplémentaires à ceux des services publics permanents de secours et des unités des volontaires. C’est en ce moment-là qu’on parle de plan Orsec. 

Qui donc déclenche le plan Orsec ?
Lorsqu’une catastrophe survient et qu’elle est d’une ampleur nationale, c’est le ministre de  l’Intérieur qui déclenche le plan Orsec. Il est le seul habilité à déclencher le plan Orsec, bien sûr sur les conseils du directeur de l’Onpc qui est son conseiller et qui agit dans l’ombre.

Si la catastrophe se limite à un département et que les effets ne touchent pas à un autre département, alors, c’est le préfet de ce département qui est habilité à déclencher le plan Orsec, conformément aux textes en vigueur. Mais pour le moment en Côte d’Ivoire, on n’a pas encore vu un préfet déclencher le plan Orsec. Quand le ministre de l’Intérieur déclenche le plan Orsec, il dispose de tous les pouvoirs.

Dès qu’il prend le téléphone toutes les autres communications sont interrompues. Priorité absolue au ministre de l’Intérieur pour qu’il puisse donner les instructions.

En ce moment-là, tout ce que la Côte d’Ivoire compte de services publics, privés, personnes publiques, personnes privées est réquisitionné et mis à la disposition du ministre de l’Intérieur. Le commandement opérationnel est assuré par le directeur de l’Onpc. Dans la gestion de la période de crise ou de catastrophe, en font partie tous les ministères techniques. 

Avec les pluies diluviennes qui s’annoncent, quel est le point sur les déguerpissements des populations vivant à Abidjan dans des quartiers précaires et autres sites à risques ? 
L’Onpc s’intéresse aux déguerpissements parce que si les populations évacuent les zones à risques, nous aurons prévenu des risques. Mais, l’opération de déguerpissement en elle-même est une activité qui relève des attributions du ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme. Comme vous le voyez, nous appuyons ce ministère pour réaliser cette opération.

Notre appui se manifeste par la prise en charge des paiements, des intéressements des acteurs. Nous avons à l’époque, acheté du matériel, des imperméables, des appareils photos et actuellement, l’opération suit son cours et l’Onpc continue d’intervenir dans le cadre de ses attributions. Nous avons notamment financé le coût des déguerpissements dans les zones de Cocody, Danga, Gobelet, Deux-Plateaux, Agban, Zoo, etc.

Le ministère de la Construction loue les camions, les grues pour faire l’opération. Mais, c’est nous qui payons pour que demain, l’Etat n’ait pas à dépenser plus. Nous sommes impliqués dans le sens de la prévention des risques. Nous agissons pour prévenir. Dire à l’autorité, attention à la cité administrative, voilà ce qui manque.

Quand on construit un immeuble de dix étages alors qu’on n’a pas analysé le sol pour voir s’il peut supporter une telle construction, l’Onpc a l’obligation d’attirer l’attention du promoteur sur le danger qui que cela représente. Dans le cadre de notre mission, nous avons d’ailleurs financé un film documentaire qui montre qu’à Abidjan, on a laissé construire des habitations là où elles ne devraient pas être. Et en dépit des injonctions de l’Etat, les promoteurs continuent d’y demeurer. 

Quelles sont les mesures spécifiques de prévention pour les prochaines pluies ?
Depuis début avril, nous avons eu des séances de travail hebdomadaires avec tous nos partenaires pour qu’on n’ait pas à déplorer de morts suite aux prochaines pluies. Déjà l’année dernière, on n’a pas eu à déplorer de morts à Abidjan du fait des pluies.

Nous sommes en rapport avec toutes les mairies du district d’Abidjan, mais aussi avec les préfets à l’intérieur du pays pour que la même action que nous menons à Abidjan soit mené se fasse également à l’intérieur du pays. Nous avons demandé aux préfets de nous faire parvenir la liste des besoins. L’année dernière, on a apporté un appui logistique et financier à certains départements pour leur permettre d’agir dans leurs localités.

Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur va officiellement lancer la campagne vendredi prochain ((30 mai 2014) à l’hôtel du district d’Abidjan. Nous ne pouvons pas aller dans une commune pour lancer des actions en dehors des autorités communales. A la demande du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, nous avons eu ici à l’Onpc, une séance de travail avec les maires des 13 communes du district d’Abidjan.

Le préfet d’Abidjan était également à cette séance de travail. Nous avons arrêté un calendrier de rencontre avec les responsables de communautés dans les communes où nous avons identifié déjà des points focaux. A travers des échanges, nous allons dire à la population que ce que nous faisons est dans leur intérêt et qu’on a besoin de leur adhésion pour réussir l’opération. La machine est lancée, mais elle ne s’arrête pas qu’à la période de pluie, parce que nous sensibilisons aussi les populations en périodes de saison sèche. 

Parlant des sites dangereux, quelle est aujourd’hui la situation de la pyramide, ce bâtiment de l’Etat répertorié par vos services comme étant dangereux ? 
Je vous renvoie au ministère de la Construction. Pour nous, la pyramide est un site dangereux et plusieurs rapports ont été faits. Des articles de presse ont été consacrés et il n’y a plus de service administratif dans cet immeuble. Tous ceux qui y sont aujourd’hui, sont des squatters. Il paraît que la pyramide a été rachetée par un particulier. Mais pour en avoir le cœur net, référez-vous au ministère de la Construction.

Quel est aujourd’hui l’état d’avancement du plan d’extension des activités de l’Onpc et où en êtes-vous avec l’ouverture des casernes de sapeurs-pompiers militaires à l’intérieur du pays ?
Comme je l’ai dit au début, nous allons faire des propositions au ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur qui décide. Pour dire que là où il y aura des pompiers civils, il n’y aura pas de casernes de pompiers militaires pour éviter des conflits.

Nous allons prendre l’exemple de la France qui a une grande expérience en la matière et qui a plus de moyens que nous. A Paris et Marseille, je vous le dis, ce sont les pompiers militaires uniquement et cela marche très bien. Nous voulons faire la même chose. Maintenant, en ce qui concerne la politique d’ouverture, de création de centres de secours à l’intérieur du pays, c’est une politique que nous avons débutée déjà, avant même la création du corps des pompiers civils.

A San-Pedro, une caserne est en construction. Elle est quasiment achevée, dans la partie bureaux. Les logements et la clôture sont en train d’être construits. Il en est de même à Gagnoa où la caserne est en train d’être construite. Nous avons obtenu un site à Abengourou et nous disons merci au ministre de la Construction qui a accepté de mettre à notre disposition les locaux de l’ancienne Caisse de péréquation pour créer une caserne des sapeurs-pompiers. Une caserne vient d’être construite à Korhogo et n’est pas encore fonctionnelle. 

Dans quel ordre se fait la création des casernes des pompiers à l’intérieur du pays ?
Nous avons un plan. Les grandes agglomérations vont d’abord être servies et nous allons le faire progressivement avec l’implication très attendue des conseils régionaux. Car c’est bien de l’intérêt de leurs électeurs, leurs populations qu’il s’agit. Nous voulons rêver qu’à l’émergence de la Côte d’Ivoire en 2020, comme le prévoit le Président de la République, chaque conseil régional soit doté d’une caserne des sapeurs-pompiers.

Cela va rassurer davantage les investisseurs. C’est un élément qu’on oublie souvent. Un investisseur qui vient ouvrir une usine dans une localité, s’il n’est pas sûr que dans les premiers instants d’un incendie dans son usine, les secours vont venir, je crois qu’il va réfléchir par quatre fois avant d’agir. Donc la présence d’une caserne de pompiers ou d’une unité de secours dans une région est un élément attractif.

Je voudrais donc lancer un appel aux présidents des conseils régionaux qui demandent aujourd’hui aux investisseurs de venir dans leurs régions qu’ils pourront faire aboutir plus facilement leur requête s’il avant tout chez eux une caserne des sapeurs-pompiers. D’ailleurs le secours fait partie des critères au plan international lorsque vous devez abriter une grande manifestation.
Lorsqu’une catastrophe intervient, il y a un temps d’intervention.
 
Interview réalisée
Par  Landry Kohon