C’est devant les gravats d’un R+4 s’étant effondré à Yopougon, mardi après-midi, qu’ont été prises véritablement les premières mesures gouvernementales contre les écroulements récurrents d’immeubles à Abidjan.
Présent sur le site de ce sinistre, le quatrième du genre, en moins de trois mois, (après ceux de la Riviera-Palmeraie, d’Abobo Plateau Dokui et de Koumassi Inchallah), le ministre de la Construction a annoncé : «Nous allons désormais centraliser les permis de construction et assigner à chaque promoteur un bureau d’études. Avec des ingénieurs assermentés qui vont faire des études sur les bâtiments.
Parce que pour un bâtiment en hauteur, il faut le respect des normes de dosage en matière de fer, de ciment, d’eau, de gravier, etc. » Sanogo Mamadou a reconnu de ce fait que les règles sont peu respectées sur les chantiers. « Pour ne pas décaisser suffisamment d’argent, les promoteurs accélèrent les travaux. Nous allons faire en sorte que le bureau d’études ait une responsabilité engagée, pour ne plus que ces drames surviennent.
Mais l’urgent maintenant, est de sortir tous ceux qui sont sous ces gravats… », s’est inquiété le ministre. Comme il l’a rappelé, la construction de tout bâtiment est soumise à un permis délivré après des études qui s’assurent que toutes les normes d’architecture et de sécurité sont respectées. Sauf que, dans la pratique, la plupart des propriétaires de maisons entament les travaux sans cette autorisation.
Certains le font après avoir rempli les formalités nécessaires. Mais devant la lenteur dans la délivrance du permis qui passe par une procédure jugée parfois trop lourde, des demandeurs engagent la construction de leur bâtisse à leurs risques et périls. D’autres évitent carrément cette procédure. Dans un cas comme dans l’autre, ce sont les contrôles du ministère de tutelle qui son censés épingler les contrevenants.
Malheureusement, même quand cela est fait, les sanctions ne s’appliquent pas toujours. Ce manque de fermeté est le principal reproche fait au ministère de la Construction. Par ailleurs, ses agents sont parfois accusés de fermer les yeux, contre des prébendes, devant l’achèvement de bâtiments qui, en principe, sont ‘’à démolir’’.
De son côté, le département dirigé par Sanogo Mamadou se plaint d’une certaine anarchie qui prévaut dans la délivrance des permis de construire. Sont indexées ici, des collectivités comme les mairies, taxées de produire illégalement ledit document.
Mais à y regarder de près, quelle que soit l’institution qui intervient, les premiers fautifs face à ces drames du bâtiment auxquels l’on assiste dans la capitale économique restent les propriétaires. La plupart d’entre eux n’hésitent pas à violer les impératifs techniques nécessaires pour la bonne réalisation d’une habitation.
Cissé Sindou
Tous coupables ! - Photo à titre d'illustration