Chacun pourrait recevoir en Suisse quelque 2500 francs par mois, qu'il travaille ou non. Le peuple tranchera la question. L'initiative populaire pour un revenu de base inconditionnel a été déposée vendredi à la Chancellerie fédérale, munie de 126'000 signatures.
Les initiants souhaitent que chaque personne, active ou non, vivant légalement en Suisse touche une certaine somme, qu'elle soit riche ou pauvre, en santé ou malade, qu'elle vive seule ou en communauté. Le texte ne fixe pas de montant ni de mode de financement.
L'initiative se contente de préciser que la somme doit permettre de mener une existence digne et de participer à la vie publique. Au Parlement de régler ensuite les détails dans la loi.
Modèle à 2500 francs
Les initiants, au nombre desquels on retrouve l'ancien vice-chancelier de la Confédération Oswald Sigg, n'en ont pas moins élaboré des modèles plus ou moins concrets. Ils postulent ainsi un revenu de 2500 francs par mois pour les adultes et de 625 francs pour les moins de 18 ans.
Coût de l'opération: 200 milliards de francs. 70 milliards seraient puisés dans les prestations sociales étatiques (AVS, AI, assurance chômage) dont le solde continuerait d'être versé à ceux qui en ont besoin. Presque 130 milliards seraient couverts par les revenus provenant d'une activité lucrative.
Les quelques milliards restants pourraient être financés par les impôts ou par une réaffectation des deniers de l'Etat. Il faudra négocier politiquement une solution, qui pourrait par exemple passer par des taxes sur les transactions financières ou sur la fortune.
Les initiants sont conscients qu'un tel modèle pourrait attirer beaucoup d'étrangers. Il s'agira dès lors de définir à partir de quand le revenu de base sera versé en cas d'immigration.
Meilleure motivation
La Suisse ne risque pas non plus de se transformer en repère d'assistés non productifs, assure le comité d'initiative. La plupart des gens souhaitant davantage que 2500 francs par mois, l'attrait financier du travail rémunéré persistera. Leurs arrières étant couverts, les gens se tourneraient vers des activités qui les motivent.
Les travaux peu appréciés, peu payés mais nécessaires devront être mieux rémunérés et valorisés. Et il existe beaucoup d'activités dont on ne peut se passer et qui ne sont gratifiées d'aucun salaire (travaux ménagers et familiaux, bénévolat social et culturel). Le revenu de base permet de créer des plages de libertés, pour plus de flexibilité et d'autonomie, affirment ses partisans.
Initiative sur les salaires
L'idée d'un revenu de base a déjà été lancée à plusieurs reprises, mais sans succès. A gauche, des voix ont critiqué un système trop compliqué et des menaces sur les salaires et les prestations. Ces personnes préfèrent miser sur des salaires minimaux.
Le peuple suisse votera prochainement sur une initiative populaire dans ce sens de l'Union syndicale suisse. Ses requêtes équivaudraient à un salaire mensuel de 4000 francs pour 42 heures de travail hebdomadaires. Le dossier est encore pendant au Parlement.
Bientôt chacun pourrait recevoir en Suisse quelque 2500 francs (environ 1 330 000 frcs CFA) par mois, qu'il travaille ou non. - Photo à titre d'illustration